lundi 5 octobre 2009

Capacité d'indignation

Des longs, des courts. Des vrais, des faux. Des durs, des mous. Nous avons tous des moments d'indignation. Devant un clochard, devant sa télé, devant le comportement d'un collègue, devant plein de choses. On se dit qu'il faut que les choses changent. Mais que faisons-nous? Résumons le comportement classique:
1° On s'indigne ouvertement. C'est-à-dire qu'on verbalise son indignation: "c'est dégueulasse", ou carrément: "moi je dis, c'est dégueulasse quoi! ça ne devrait pas exister à l'aube du XXe millénaire".
2° On passe à autre chose.

Mais ce n'est pas sans poser problème. On ressent une gêne qui provient de la connaissance d'un problème sur lequel on a pris position ("indigné") mais qui ne suscite pas d'action de notre part pour changer la/les chose(s). Alors, afin de rétablir une forme de paix intérieure, on produit une troisième action:
3° On nie toute responsabilité. On s'indigne comme spectateur sans se voir comme la cause du mal qui nous horrifie. Ainsi lavés, on ne ressent plus aucune culpabilité, qui est, disons le clairement, un sentiment fort désagréable.

Du coup qui est responsable? Ce peut être la nature humaine (il y a des cons partout). Ce peut être nos représentants politiques. Ceux qu'on appelle péjorativement les politiciens, la classe politique (tu parles d'une classe), and co. On les méprise, mais on est bien content de transférer sur leurs épaules nos indignations. Mais eux alors... Sont-ils torturés toute la journée, développent-ils une forme de blindage (de survie) afin de ne pas se laisser transpercer par toutes leurs indignations irrésolues? Réponse: ça dépend. Cela dit, il est agréable d'en entendre certains souffrir de leurs indignations et remuer ciel et terre pour s'attaquer au Mont Immobilisme, qui culmine à 5'705m au sein de la chaîne du Status Quo du massif de l'Impuissance, dans le Royaume du Consensus Mou.


" L'homme libre est celui qui n'a pas peur d'aller jusqu'au bout de sa pensée" L.Blum

"Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. Le courage, ce n’est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre" J.Jaurès, Discours à la jeunesse, 1903


PS: http://blogs.lexpress.fr/attali/2009/10/un-scandale-francais.php

mardi 1 septembre 2009

Souris au Mont Souris, que diable !

Parc Montsouris moins Un
Qu'il est vide le Parc Montsouris, ce lundi. Il est vide de monde et vide de sens. Il est vide de mots aussi. Tous ces mots sont restés coincés là. Ils sont empilés sous le poids des 8 jours qui ont passé. Aujourd'hui on est lundi: premier jour de la semaine. Dernier jour du mois d'août. Chassé-croisé du calendrier. Le soleil est juste un peu plus bas, mais les arbres, ce sont les mêmes. En fait, c'est faux. Rien n'est pareil. Oh! bien sûr pour Micheline Robert-Michon, 78 ans, bon pied bon oeil, qui vient quotidiennement faire sa ronde, c'est la même chose. Mais je ne suis pas cette personne malheureusement. Paris est là, tout derrière. On ne la voit guère. Mais on sent vibrer son rer comme mes artères frappent sous la nuque.

Parc Montsouris veille de Républicaines Dorures
Mes artères frappent plus fort que d'habitude aujourd'hui. Et ce soir ce sera pire. Ca faisait longtemps que j'attendais de sentir cette ivresse du saut dans le vide. Cette noyade effrénée les yeux bandés en plein océan des mers du sud par moins 15, de nuit. On ne peut pas passer sa vie à regarder pousser les arbres. Il arrive un moment où il faut prendre une hache et décider. On coupe où? On coupe combien? On fait quoi du tronc? Et si y'en a plus je vous le mets quand même? J'irai demain, à coup de hache buriner les palais royaux où les révolutions implosent dans les palais des grandes personnes qui n'osent même plus y penser de peur de s'étouffer.

lundi 10 août 2009

Disneyland: prison dorée (suite)

17h23.
Crise d'hypoglycémie morale. Trop de musique sucrée, trop de décors sucrés, trop de personnages sucrés... Sentant le malaise m'envahir, je prends les devant. Il me faut m'extraire de cet environnement devenu dangereux. Or tous les sentiers sont tracés. Rien n'est laissé au hasard: impossible que t'en réchappe, ce sont les frères qui rapent tout. Assis sur un rocher en plastique, les mains négligemment posées sur une bande de gazon synthétique, je réfléchis. Il me faut prendre cette pause, il doit bien y avoir un endroit calme... naturel... Que faire? "Lève-toi et marche" me dit la petite voix de Gemini Cricket. Alors je m'enfonce dans "Adventureland"... ambiance de Far Ouest. Vais-je croiser Charles Bronson au détour d'un chemin? Suspense... Tiens, Indiana Jones est là. C'est le signe ultime qui me montre le chemin. Je ne trouverai mon petit coin de paradis qu'en menant la dernière croisade, rien ne me tombera dans le bec tout cuit. Alors je relève mes manches, resserre mes lacets et me redresse, le regard au loin. Un passage existe. C'est à moi de le trouver. Derrière moi un fast food, devant moi un chemin rempli de touristes, à ma gauche une forêt de bambous, à ma droite le lac des Pirates des caraïbes... Ne souhaitant pas faire trempette tout de suite, j'opte pour la forêt. Me voilà à quatre pattes à l'orée du bois de bambou de la belle au bois dormant. Ni une ni deux, je me faufile entre les tiges si régulièrement érigées. Je m'assure que je ne suis pas suivi. Heureusement, non. Ni Mickey, ni Picsou à mes trousses. J'avance sûrement. La musique sucrée de l'ami Walt demeure. Elle baisse en intensité, mais elle ne disparaît pas complètement. Je poursuit donc ma fuite en avant. Il doit bien y avoir quelque clairière, avec des lapins qui parlent, et sept nains, et même Blanche Neige... Mais non, pas de clairière. Rien. Tige après tige, d'espoir en déception, j'ai fini par tomber sur une palissade en béton. "End of the park. No Trespassing: Violators will be shot. Survivors will be shot again". C'était pas ça, mais c'est l'impression que ça m'a donnée. Dans Jurassik Park, les dinosaures sont cloîtrés entre des barrières électriques. Dans The Truman Show, Truman Burbank bute contre un ciel artifi...ciel. J'ai vécu une expérience similaire. Me frotter aux confins du monde magique. Sûr de ce que j'avais atteint le point le plus éloigné, je m'adossai contre ce mur et ouvris un bouquin (Le ventre de Paris) pour tenter de me libérer l'esprit. Je me retrouvai donc les pieds dans le monde fantastique de Disney SA, le dos contre la verticalité glacée de la réalité, et le regard plongé dans les halles grouillantes du XIXe siècle. Perdu dans cette triple dimension, j'en atteignais presque la quatrième.

Puis le temps fut venu pour moi de rejoindre les grands chemins. Je fis machine arrière Sauf que contrairement au petit pousset, je n'ai pas semé de petits cailloux. Et contrairement à Thésée, je n'ai pas tiré de fil d'Ariane. Du coup je ne suis pas sorti par où j'étais entré. Aladin, en pleine séance photo, ne cacha pas sa surprise en me voyant sortir du bois. Jaloux peut être de n'oser faire de même.

vendredi 7 août 2009

Nouvelle du purgatoire: Un Jour à Disneyland

62 eur. pour les 12 ans et plus. Guère moins pour les plus petits. Tel est le prix du rêve? Non. Ce n'est ni le prix ni le rêve. Ni le prix parce qu'une fois à l'intérieur les points de ventes s'intercalent tous les 3m environ et font automatiquement monter la note. Ce n'est ni le rêve (Cf. l'information précédente qui donne vite la nausée).

Voilà la vision cynique et largement répandue. Je la partage en grande partie. À ceci près que, pour les enfants, c'est quand même quelque chose de voir tous les personnages de leurs dessins-animés favoris évoluer dans un univers féerique (dieu me garde d'employer ce mot éculé à nouveau, mais bon, ça s'applique bien au cas présent).
La Belle au bois dormant est passée à 2m de moi sans que ça ne me fasse ni chaud ni froid. À la regarder, je ne voyais quel'intermittente du spectacle qui sue sang et eau dans son épais costume pour le SMIC horaire dans le but de donner/vendre du rêve. La gamine que j'avais à côté, elle, avait les yeux qui pétillait d'émotion. Je passe ici sur la nécessité ou non de laisser les fillettes s'identifier à des princesses, au risque de s'apercevoir à 35 piges que le prince charmant prend davantage les atours d'un Pumba que d'un jeune premier. Le fait est que! Oui, le fait est que tous ces gosses passent de l'autre côté du miroir, au sens Alice au Pays des merveilles du terme. Ils entrent dans le dessin-animé. Dans un univers merveilleux, Michael Jacksonesque où tout le monde il est beau (tout le monde il est gentil). Eux y entrent à la minute où, assis sur le siège arrière de la voiture, ils voient flotter au loin le drapeau Disney. Moi pas. Peut-être aussi parce qu'en guise de carrosse, je suis venu en RER et que les gentilles souris qui couraient entre les rails ne m'ont pas aidé à repriser un vêtement, mais ont préféré s'attarder sur un reste de banane. Une fois dedans, ma foi, on s'y fait. Bien sûr il y a la gentille musique hurlante à chaque pas que l'on fait. La présence en tel nombre de haut parleur donne l'impression d'un orwellien 1984. Impression étayée par l'omniprésente armée de gentils organisateurs disney: vendeurs (glaces, textile, etc., etc., etc.), serveurs, orienteurs, metteurs de ceintures, contrôleurs de hauteur d'enfant, danseurs, pilote de manège, balayeurs, annonceurs de parade, sans parler des personnages eux-mêmes, à savoir que j'ai croisé 3 Mickey différents (ne me demandez pas à quoi j'ai bien pu voir que ce n'était pas le même qui s'était déplacé, j'ai mené l'enquête). On ne peut s'empêcher de se demander ce que c'est que le pire: vendeur dans un fast food, preneur de photos, approvisionneur de bouteilles d'eau ou personnage en costume de velours par du 40° à l'ombre... Il y a concurrence dans l'horreur, dans la répétitivité et dans la souffrance physique (et morale). Trois danseurs sont tombés en pleine parade (leur 5e de la journée) et ce n'était pas en hommage au présidentiel malaise vagal. Le plus professionnel d'entre eux conserva son sourire, même lorsque sa pommette gauche s'enfonçait dans le gentil bitume en fusion.

Trève de cynisme, certaines attractions procurent des sensations fortes et remuent l'estomac convenablement. C'est la brave récompense offerte aux courageux qui s'infligent des files d'attente à répétition tellement longues qu'on envie presque le rayon boucherie du Leclerc un jour de Noël. Oui, c'est ça, on en vient presque à regretter le bon vieux système du ticket des Préfectures, CAF et autres CPAM qu'en temps normal on abhorre. 100 minutes d'attente... Bon bah va pour 100 minutes. On est là pour ça, non? On ne va pas continuellement marcher autour des attractions.

Demain je vous raconte comment j'ai tenté de réchapper aux griffes du monde de Mickey.

mercredi 5 août 2009

Obama, vous et moi...


Il s'agit de Barack Obama à 25 ans. Il ne sait pas encore qu'il deviendra Président des États-Unis. Il a l'air d'être quelqu'un de normal. Il est certainement ambitieux. Le révèle-t-il à son entourage? Probablement pas.

Dès lors, cette question: avons-nous un Barack-Obama-en-devenir dans notre entourage?
Statistiquement, il y a peu de chances.
Mais si tel est le cas. Si l'on sent qu'on a un Barack Obama dans son entourage. Que faire?
Rester calme. "Act natural". Prendre plein de photos. Multiplier les souvenirs communs. L'idéal étant quand même de trouver un moyen (ou un autre) de lui sauver la vie. Si possible réaliser un cliché ou une vidéo de la scène mythique. Obtenir (de la part de l'intéressé) des remerciements écrits, datés et nominatifs.

Il est quand même difficile de s'imaginer que les grands de ce monde sont des personnes comme tout le monde. Et pourtant ils sont des personnes comme tout le monde. Ce qui ne veut pas dire que toutes les personnes comme tout le monde pourraient occuper les postes les plus prestigieux. C'est donc bien qu'il y a une différence. Au même titre qu'Hitler était un être humain et pas un Lucifer sorti des entrailles de la Terre, Obama n'est pas un Messie II. Enfin un Messie III (la revanche), compte tenu du fait que le Christ fut un Messie I par sa naissance à Nazareth, et un Messie II (le retour) par sa résurrection à Jérusalem.
Amen.

mardi 4 août 2009

Recule, recule, recule... Prisme lunaire !

Vu d'ici on aurait presque envie de se dire que si tous les hommes se tenaient par la main... Ils éviteraient de se mettre sur la gueule.

Zola, L'Oeuvre: "Quand la terre claquera dans l'espace comme une noix sèche, nos oeuvres n'ajouteront pas un atome à sa poussière"

17h50, Rue de Rivoli, devant l'Hôtel de ville.

En ce mois d'août, sous les closes persiennes des hausmaniennes rues parisiennes... peu de circulation. Oh il y a bien quelque clio perdue, quelque peugeot qui ne peut réprimer l'envie d'exposer sa pimpante carrosserie aux regards du chaland. On trouve, ça et là, une brochette de taxis aigris et gris. La clameur nous parvient de la rue voisine: deux smarts se battent en duel. Plus loin un trio de vélos roule en enfilade. Il ne fait pas très chaud. Lutèce entame août le sourire aux lèvres. Heureuse de s'adonner au tout venant. ils viennent de partout les passants qui cheminent dans Paris. Des étrangers bien sûr. Mais surtout des provinciaux. En ce 4 août, c'est important. Pour tout français la Capitale reste l'écrin principal dans lequel s'enchâsse l'histoire de notre pays. Et, il y a 220 ans, 500 de nos aïeux s'époumonaient au Palais Bourbon duquel il sortait, grosso modo, l'abolition des privilèges. On peut légitimement se demander par quel fin stratagème lent et lancinant ceux-ci semblent être revenu à la vitesse du boomerang. Pas les même bien sûr, mais d'autres, et encore plus injustes... Bonus (boni?), paquets fiscaux, and co. Mais ce n'est pas le propos. Revenons en 2009. Paris est là. Debout. Droite même. Belle dans sa chaleur. Belle sous son absence de soleil. Belle sous ce nappage blanc qui la surplombe. Belle dans sa maturité. Le pavé lisse. Le monument vif et bien dressé. La façade ravalée. Le trottoir propre. Autant dire que Paris a de la gueule en ce 4 août. On est peu... mais on est bien... (tintin!). On est tellement peu que quand le feu passe au rouge et que personne ne traverse la rue de Rivoli on se sent... seul... seul mais bien !

La scène se passe rue de Rivoli, au niveau de l'Hôtel de Ville. Le feu est rouge. Devant le feu les gens sont roses (oui le soleil estival a commencé à brunir les peau. chacun ayant travaillé son mélanome comme il se doit). Et qui y a-t-il donc devant ce feu qui tarde à verdir? Moi (vélib) à l'extrême gauche (oui car je tourne à gauche à la prochaine - Je sais, je suis béton en placement sur la chaussée), un vélo (au centre), deux scooters en enfilade, puis, à l'extrême droite (dans le couloir de bus) trône une voiture (une 306 je crois). Et bien sûr des passants éparpillés un peu partout sur le passage clouté. Jusqu'à présent, pas de quoi en faire un foin. Eh bien je vais vous dire d'où le foin est parti... Des deux scooters. ! (si, si). Depuis environ une minute ils avaient l'air de converser, en se faisant vaguement des reproches. Enfin, c'est l'impression que ça donnait, de loin. Soudain, à la surprise général le conducteur scooter de derrière se lève et se jette sur son voisin de devant... Pourquoi? Pour lui arracher la tête - ou au moins le casque dans un premier temps. Alors on se retrouve à regarder deux gars encasqués en train de s'étriper. Les voilà qui se roulent par terre, sur le macadam en fusion. Les deux scooters rejoignent également le niveau de la mer et, par je ne sais quel mécanisme fou, se mettent en branle, les roues arrière s'agitent, les deux scooters semblent se rebiffer. En tout cas les deux zigotos n'en ont cure, trop occupés qu'ils sont à se dévisser la tête l'un l'autre.

Que faire?
C'est tout l'objet de la présente méditation. Scooter boy numéro deux transporte une amie qui ne sait pas trop comment intervenir. le chauffeur de taxi est déjà à deux pas en train de compter les points. Moi je suis là, à l'autre bout de la chaussée avec mon vélib pourri (oui cette fois-ci je suis tombé sur une avarie de type 3, c'est-à-dire freins qui frottent et t'obligent à pédaler deux fois plus). À califourchon sur mon bicycle, j'assiste éberlué à ce surprenant spectacle. Ma première impression est: "comment en sont-ils arrivés là?" Et je ne vois pas d'autre réponse que la suivante. Un premier a commis une incivilité au second en roulant. Le second lui exprime son mécontentement. Le premier fait mine de ne pas savoir de quoi il retourne. Le second ne veut rien lâcher... il quémande un mot d'excuse. L'autre le lui refuse, par vaine fierté. Par la même vaine fierté le second insiste. Le premier pose sa main sur l'épaule de l'autre. Chacun pose ses mains pour voir si l'autre renchérit. Et c'est l'escalade. La tension monte. Chacun a fini par se convaincre que son honneur ne serait lavé qu'une fois que l'autre sera battu. C'est quoi "être battu" et "battre l'autre" dans ces cas-là? Chacun a son échelle de valeur. Ainsi, chacun met sur la gueule de l'autre, à poing nu.

La fille qui se faisait transporté a fini par retenir son ami je crois... Fallait-il retenir qui que ce soit? Et qui? Pour rétablir l'équilibre de l'univers, ne fallait-il pas que l'un et l'autre finissent par savoir qui des deux était le plus fort en lutte à main nu. Et les troubles à l'ordre public? Et les dommages qu'auraient pu causer les scooters en furie... Ou alors la fille était-elle au centre du conflit? Dans tous les cas le jeune mâle qui partageait son scooter avec une femelle se devait de montrer qu'il n'était pas couard...
Amour, Honneur, Passion...

Devant mon absence de réponse, faisons parler Corneille (Le Cid):
"Les affronts à l'honneur ne se réparent point"
"Tu t'es en m'offensant montré digne de moi; je me dois, par ta mort, montrer digne de toi"

vendredi 31 juillet 2009

On n'y comprend plus rien ma bonne dame

Dans les années 80, c'était facile. On pouvait encore comprendre le monde. Aujourd'hui... Aujourd'hui, on ne peut plus. C'est comme ça. Voyons-voir...

DANS LES 1980s...
1° On sait où on va:
Français, dans les 80s, on appartient au bloc de l'Ouest (capitaliste/économie de marché) qui s'oppose au bloc de l'Est (communiste).
Les chefs d'État des principaux pays se font tous réélire et forment donc une joyeuse troupe aux visages connus sur toute la décennie: Reagan (le cow-boy), Thatcher (Black Mamba ou Dame de ferraille), Kohl (la grosse kartofeln), Mitterrand (le grand), et même jean-Paul II (l'oriental).

2° Médiatiquement, c'est pas le bordel. Hyperpuissance télévisuelle:
- Gros canaux traditionnels mainstream type TF1. Une émission (en direct) comme "Le Jeu de la vérité" animée par Patou Sabatier ou le "Champs Élysées" de Michou Drucker réunit 20 millions de téléspectateurs, autant dire que toute la France regarde. Y'a quelque chose de rassurant là-dedans. C'était toujours les mêmes invités, bien franchouillards. Certains faisaient rire comme personne aujourd'hui: Coluche, Desproges, les Bronzés et tous les films avec Pierre Richard dedans.
- Ouverture de nouveaux canaux
Pour l'information, c'est CNN: qui donne l'illusion que la terre n'est qu'un village global
Pour la musique c'est MTV qui donne le la: la planète danse sur les mêmes clips: Michael Jackson règne en maître

AUJOURD'HUI...
Y'a 6 893 chaînes de télévisions, y'a google actualités, y'a toutes les radios et webradios possibles et imaginables, mais y'en a pas une seule pour nous expliquer le merdier dans lequel on vit.
Alors oui, y'a facebook: la toile ! Tout le monde peut joindre tout le monde. On peut se poker, s'ajouter en ami, se taguer, c'est très amusant. Mais ça ne fait pas avancer le schmilblik. Pour peu qu'on ait l'application sur i-phone, on est informé en temps réel d'un attentat en Inde par un ami sur place et de la mort de Michael Jackson à la seconde même où sa seconde paupière se ferme.

C'est un fait, on sait tout plus vite. Mais au fond que sait-on? Où vit-on? Où va-t-on?
L'Ouest l'a emporté sur l'Est. Se sont donc totalement globalisés: Capitalisme, économie de marché, société de consommation.
Existe-t-il un projet de société alternatif? Sûrement. Est-il réalisable? Je ne sais pas. Alors on fait quoi? Des réformettes à la marge? Des Facebook flash-mobs (rassemblements éclairs organisés par internet/facebook) pour dire notre amour à feu King of Pop?

Et toi, si t'étais président, tu ferais quoi? ... coincé que tu serais entre mille contraintes inextricables:
La dette (qui interdit toute politique budgétaire)
Le réchauffement climatique (qui impose une mutation des comportements individuels et collectifs)
Les engagements européens (qui suppriment toute politique monétaire, limitent toute politique budgétaire et encadre bon nombre de domaines)
Le fort taux de chômage (insupportable)
La concurrence de la Chine et consorts (qui font pression sur les emplois et les salaires)

Alors on fait quoi?
On garde le sourire, on tend la main et on fait le bonheur autour de soi, et on continue de chercher la solution.


PS: En ces périodes troubles, j'envie les croyants qui, eux au moins, ont une bouée. Les autres font la planche. Les plus maladroits boivent la tasse.

mercredi 29 juillet 2009

Vacances à Paris

Paris est à nu. La capitale est comme un poisson sans chair, l'arrête à l'air. Les parisiens ont déserté et ceux qui sont restés, déconcertés, mènent une vie de touriste. Alors Paris devient une ville à vivre. Une ville à voir. Une ville au temps plus lent. Place après place, sur les terrasse on s'entasse, sous le soleil on se prélasse, rien ne se passe, et seules, devant nous... quelques pétasses... se déplacent! Au bureau, pas de boulot. À la machine à café, les absents prennent toute la place. Dans le métro, chaque popotin trouve un strapontin. Et ça, c'est bien. Le temps de rien. Le temps retrouvé. Le temps d'une madeleine à la Madeleine. Le temps d'un coca à Opéra. Le temps d'une noix de coco à l'apéro. Le temps et l'espace. Place à l'espace. Les coudées franches pour un pique-nique sur les quais. Une soirée de ciné sur l'herbe verte de la Vilette. Et n'oublions-pas que Paris-plage. Alors nous aussi, nous Paris-plageons. Ho, c'est pas Saint Trop. Qu'est-ce qu'il allaient s'imaginer? En tout cas, c'est toujours mieux que la gomme du pneu couinant sur le bitume en fusion. On est bien ici. Les touristes sont perdus derrière leurs cartes en 4 par 3 et jurent qu'habiter pareille conurbation confine à la folie. Alors que c'est l'inverse: n'habiter pas pareille conurbation est pure folie. M'enfin... chacun sa croix et... Paris pour tous...

mardi 28 juillet 2009

"J'AI TUÉ MA MÈRE" (4****), "Les beaux gosses" (2**): 17 ans, 13 ans... Deux films, deux douleurs, deux libertés

Un film sur les pré-ados, un film sur un ado. Des périodes de la vie où l'on grandit/mûrit très vite, à tel point que les deux n'ont rien en commun, tant sur le fond que sur la forme, à l'exception de l'humour décapant qui les traverse.

Les beaux gosses
C'est un bout de notre histoire à tous: collégien, mal dans sa peau, pas dégourdi, pas dévergondé. Très léger, le film fourmille en répliques potaches et en clins d'oeil drôlissimes sur ce que le quotidien d'un tel personnage peut bien produire. C'est simple, c'est fort, c'est efficace. Mais ça ne va pas chercher bien plus loin. Le film trouve les résonances qu'il peut en chacun de nous, et exhume des sensations oubliées. C'est déjà pas mal, et après tout, "chacun sa technique de roulage de pelle".

J'ai tué ma mère
À contrario, J'ai tué ma mère avance une réflexion et se centre sur un aspect (primordial et ultime) de la construction de soi: le lien maternel. Un film très personnel, où Xavier Dolan (19 ans), qui a écrit le scénario (à 17 ans) et co-produit le film, tient aussi la caméra et incarne le rôle principal. Je pense qu'on peut parler de petit génie. On ne blâmera pas le jeune homme de parler de lui, c'est toujours comme ça qu'un artiste commence, en réglant une première question sur un mode très autobiographique. Je pense que tout un chacun se retrouve en Hubert Minel qui navigue en pleine tornade intérieure et sans boussole. En résumé, il dit à sa mère ceci:

Je te déteste. Tous ces gestes que tu fais m'horripilent. Être confronté à toi dans cette sombre maison m'est insupportable. Rien ne va. Et pour couronner le tout tu me hais.

Mais en même temps, en réfléchissant, peut-être bien que tu m'aimes de cet indéfectible amour maternel. Et comment alors puis-je le refuser cet amour, pour m'émanciper et vivre MA vie. Ou alors, si je ne le refuse pas, comment peux-tu toi accepter de voir en moi l'adulte-en-devenir qui pense et agit indépendamment de ta volonté. Ce n'est pas ce qui se passait lorsque j'étais enfant et que j'étais tout à toi, puisque le monde extérieur se résumait à ce que, ma main dans la tienne, tu me prêtais à voir.

En tout cas, si tu mourrais, je serais orphelin. Et c'est quand même bien pire de n'avoir personne à détester ou aimer. Au moins ai-je encore le choix. Mais ai-je besoin de t'aimer pour t'aimer. Ca coule tellement de source que même en éclaboussant partout la haine sincère que je te porte, eh bien ce lien, duquel je tiens mon avènement terrestre, demeurerait: tu es ma mère, tu es l'origine de ma vie, tu n'en es pas la finalité.
Va, je ne te hais point.

"Jamais nous ne goûtons de parfaite allégresse: nos plus heureux succès sont mêlés de tristesse" Pierre Corneille, in Le Cid.

mardi 14 juillet 2009

CONCERT U2 360° Tour Stade de France - City of blinding lights

Chronique du Paradis: U2 au Stade de France le 12 juillet 2009



On a le droit de fermer les yeux. On a le droit d'oublier. On a le droit de rêver. On a le droit de ne pas tout remettre en question. On a le droit de se laisser porter par l'extraordinaire spectacle d'un groupe de rock qui s'y connaît en gigantisme.

Bien sûr ils gagnent de l'argent avec cette tournée, bien sûr faire un spectacle ça consomme de l'électricité, transporter des scènes ça consomme du gasoil, bien sûr on a respiré de l'oxygène pendant les 2h15 de concert. On a même acheté des bouteilles d'eau en plastique qu'on a mis à la poubelle après. Arghhh! C'est mal, c'est très mal. Flagellons-nous! Bien sûr Bono a défendu des causes qu'il croyait juste: Aung San Suu Kyi (prisonnière politique en Birmanie), The One Campaign (le développement en Afrique, la lutte contre le sida), un hommage à Michael Jackson aussi. Alors on peut voir le mal partout. On peut dire qu'il en fait trop, qu'il triche, que c'est de la com, machin toussa.

Mais on peut aussi parfois rester simple et penser qu'on a le droit de vivre (inspirer de l'O2 et rejeter du CO2) et que Bono est sincère dans son engagement. Ce groupe produit un spectacle grandiose, envoie son public dans de jouissives hauteurs stratosphériques et, en sus, fait passer d'importants messages de paix et d'amour. Ce n'est quand même pas une honte que d'avoir l'esprit bien tourné de temps en temps. La scène (modulable) est impressionnante et indispensable pour que la sauce U2 prenne. 95'000 personnes qui reprennent en choeur sur n'importe quel morceau, c'est ce qu'on peut appeler une réussite. Plus de deux heures durant, deux soirs de suite au Stade de France (plus Nice demain), 23 chansons, dont 7 du dernier album. Le public est aux anges et en redemande. Qui peut en dire autant?



samedi 4 juillet 2009

Chronique des enfers. Épisode 2. Hold Up télévisuel: Plus personne ne bouge !

Été 2009: Les avions tombent à la pelle (Rio; Comores), les trains déraillent (Cahors), les planeurs se crashent (Barcelonnette), les voitures s'accidentent, les piétons se font renversés, et je ne parle même pas des deux-roues...
Alors que faire?

- Rester chez soi? pour mourir d'une crise cardiaque comme Michael jackson... Non, merci. Si les stars n'en sont pas protégées (avec médecin à domicile), alors nous, pauvres anonymes, sommes encore moins à l'abris. Et puis si on mange mal, ou trop salé, ou trop sucré, ou trop de viande, ou de l'alcool, ou de l'eau du robinet... etc. etc. il paraît que c'est le cancer assuré. Et puis de toute façon chez soi on meurt d'accident domestique ou d'ennui...
- Rester chez les autres? Non, car notre Chez-les-autres est le Chez-soi des autres, alors le problème est le même.

Conclusion: Je vous conseille de rester en extérieur, avec un bouquin. Mais pas sous un arbre, afin de réduire les risques de foudroiement.

mardi 30 juin 2009

Chronique des enfers. Épisode 1. Seul sur l'asphalte, l'homme pleure des larmes évaporées

La banlieue parisienne se scinde en deux zones: la petite couronne et la grande couronne. Alors on peut très bien imaginer que Paris est une Reine (oui car Paris est une femme, j'espère pouvoir revenir sur ce point un jour). Donc Paris est une reine coiffée de deux couronnes: une petite (chère) et une grande (délaissée). Bref, passons.

Aujourd'hui je suis allé tout au bout du bout. Je suis allé aux confins de la Grande couronne. Tellement loin qu'on ne sait plus si on fait encore partie de la galaxie parisienne. En tout cas on est encore sur Terre, c'est déjà ça. Il s'agissait de se rendre à un entretien d'embauche.

Il faisait chaud. Très chaud. Le soleil tapait tellement fort, que j'ai perçu avec certitude qu'on était encore dans le système solaire. Lorsque je suis sorti du train qui m'avait translaté jusqu'ici, les éléments du décor ont commencé à s'évaporer. Oui il faisait très chaud. La gare a disparu. Les rails ont fondu. Les voitures ont explosé. Les passants ont passé. Même le passé a passé. Et je me suis retrouvé tout seul. Comme un con (pour dire les choses comme elles sont). L'Univers s'est ramassé en trois éléments. Il y avait moi. Il y avait le soleil qui fusionnait allègrement à 7 minutes-lumière d'ici. Et il y avait autre chose. Je n'étais pas... comme ça... flottant dans le vide intersidéral. Il y avait le bitume. Pauvre asphalte qui explosait par petits bouts, sous les feux solaires. Si bien qu'au final, j'étais enferré comme un croque-monsieur entre le chalumeau d'en haut et le bouillant volcan d'en bas.

Ma tête cramait, je perdais de l'eau. Quant au bas... comment dire... c'est les chaussures qui ont morflé. Progressivement les coulées de bitume en fusion se sont accumulées sous mes semelles,. Tout ça a bien fini par sécher, mais du coup j'ai pris de la hauteur. Ma semelle compensée bitumique atteignait 10cm à l'arrivée. Ce qui, par ailleurs, me rapprochais d'autant du cuisant soleil. Le serpent avait fini par se mordre la queue et tournait en rond pour en venir à bout. Serpent, je sais pas, mais j'avais quand même un côté gigot qui sort du four avec tous ces vêtements sur moi. Jamais je ne me suis autant senti textile qu'aujourd'hui. Tout ce lainage et ce cotonage sur moi... c'était criminel. Enlever le pantalon? J'aurais l'air malin à l'entretien. Ôter les chaussettes? Ridicule, ça n'avancerait pas à grand chose. J'ai remonté mes manches et c'est tout ce que je pouvais faire. De toute façon la chemise était liquide. Avec la forte clim dans le bureau où on m'a reçu, j'ai cru que j'allais me transformer en bonhomme de neige (par transformation de l'eau en glace). Mais ça n'a pas eu lieu. L'horreur de ma souffrance trouvait là sa première (et seule) limite.

samedi 27 juin 2009

La Gay Pride, comment ça marche?

La Gay Pride*, en 2009, ça veut dire quoi?
* Renommée Marche des fiertés GLBT (gay, lesbien, bi, trans)

1. ça veut dire qu'on vit dans un pays libre qui autorise cette marche et qui ne réprime* pas ceux qui écrivent des choses sur des pancartes (Cf. la Russie par exemple)
2. c'est une marche ouverte à tous, dans un esprit festif.

mais

1. les messages politiques sont rares au sein de ce défilé qui fait la part belle aux trans les plus exubérants, et si l'on vient le regarder passer, c'est principalement par phénomène de foire (Cf. la femme à barbe au XIXe siècle).
2. en conséquence, les médias, toujours amateurs de sensations, se focalisent sur les caricatures: homos façon YMCA, lesbiennes façon camion, et trans façon... créature extra-terrestre.
Cela fait-il avancer la cause du droit à l'indifférence?


* Dans 80 pays l'homosexualité est condamnée dans le code pénal
Dans 5 pays l'homosexualité est passible de la peine de mort.

vendredi 26 juin 2009

Michael Jackson s'envole. Billie Jean est Orpheline. Nous aussi.

Devant le surgissement d’un choc interplanétaire, les veillées funèbres sont télévisuelles. Michael Jackson était un génie (visionnaire), une star (planétaire voire interplanétaire), une icône (au sens James Dean et Marilyn Monroe du terme). Il a révolutionné la pop musique, la danse et les chorégraphies, le vidéoclip. Après des années à remplir les pages de faits divers, à 50 ans, il parvenait à faire l’actualité pour ses talents artistiques puisqu’il devait remonter sur scène après 12 ans d’absence. Le génie retrouvait toute son aura. On oubliait les accusations dont il fut victime. C’était le retour du grand Michael, l’éternel. Mais hier il est mort brutalement : Blood is on the Dancefloor.

Parce qu’il était hors du commun, parce qu’il était présent dans nos vies personnelles par sa musique qui a ponctué et égayé notre existence, et parce qu’il est parti brutalement, l’annonce de sa mort constitue un événement dont chacun se souviendra longtemps (Do you remember the time ?). Comme Lady Di et les attentats du World Trade Center. Qui ne connait pas Michael Jackson ? Qui n’a pas envie de danser aux premières notes de Beat It ? N’atteignait-il pas l’universel par ses compositions ? Son moonwalk ne fascine-t-il pas la Planète entière ? N’était-il pas extra-terrestre ? Dès l’époque des Jackson Five, il danse comme un dieu, c’est inné, c’est miraculeux, il avait 8 ans, l’âge du petit Mozart qui composait ses premiers menuets. En 40 ans de carrière il atteint le firmament du firmament. Mais l’icône n’est pas éternelle. Leur mort nous rappelle qu’ils sont mortels. D’où le choc. Et l’effroi : Thriller.

Alors on va se sur-saturer de Michael Jackson pendant quelques jours. Tout y passera, dans l’ordre : la veillée funèbre télévisuelle, le visionnage de tous ses clips, l’écoute de toutes ses chansons (partout, jour et nuit : ipod, taf, voiture, maison, discothèque), l’évocation de l’artiste dans toutes les discussions, les journaux, les télés, les radios, la vie privée, la vie publique, tout ! En plus ça retombera. Mais parce que c’est une icône légendaire sublime, il reviendra vite et ne disparaîtra jamais. Ses musiques ne cesseront pas d’être diffusées partout, d’être remixées, on dansera en boîte, on l’imitera et on s’en inspirera. You rock our world and Heal the world.

Billie Jean est orpheline. Nous avec.

mardi 23 juin 2009

Drôle de drame Vs. Certains l'aiment chaud

De grâce... de la grâce !

Pour vaincre les ennemis de la médiocrité ambiante. Que faut-il? De la grâce, encore de la grâce, toujours de la grâce.

ON ÉVITERA le stupide et invérifiable "c'était mieux avant", invérifiable parce qu'on ne compare pas un souvenir à un vécu contemporain, et on compare encore moins une période morte à une période vivante. C'est comme comparer Laurie et Nina Simone, sous prétexte que les deux chantent, ça n'a pas de sens.

CELA DIT, c'était mieux avant ! En tout cas, le passé passé au crible du temps, nous offre de belles pépites.


Drôle de drame - 1937

"Moi, j’ai dit bizarre… bizarre ? Comme c’est étrange…Pourquoi aurais-je dit bizarre… bizarre…".
Rien à jeter dans ce film: ni l'histoire, ni le jeu des incroyables acteurs, ni les truculents dialogues de Prévert.
Ca, c'est quand même quelque chose; à la toute fin, Mme Molyneux nous sort un improbable: "Il vaut mieux être riche avec une moustache, que sans moustache et sans argent". Ce même décalage se retrouve tout au long du film dans l'absurde des situations et l'entêtement des personnages. Inoubliable effrayant regard de Louis Jouvet.
De la grâce vous dis-je.



Certains l'aiment chaud (Some like it hot) - 1959

Certains l'aiment chaud est une comédie hollywoodienne sortie en salle il y a 50 ans, tout pile. Joe et Jerry se travestissent pour intégrer un jazz band féminin où Marilyn Monroe tient la vedette. La Monroe a tout ce qu'on veut de glamour de sensuel et de passion... Quelle (fausse?) candeur!
Quant aux deux zigotos qui sont travestis pendant presque tout le film, ils forment un drôlissime duo comique, digne héritier de Laurel & Hardi et jeunes aïeux de... Serrault/Poiret.
Et quand Marilyn apparaît, elle crève l'écran et scotche tout le monde... On pense immédiatement... "mais c'est énorme". À tel point qu'elle nous accule au doute: Est-il possible de transcender tous les fantasmes masculins à ce point? Est-ce une hallucination?
Un moment de grâce probablement...

mercredi 17 juin 2009

@ Paris: Art Moderne - Kandinsky vs. Warhol

Kandinsky @ Beaubourg

Que ceux qui n’aiment catégoriquement pas Kandinsky n’y aillent pas. C’est du Kandinsky. De A à Z, en passant par K. On voit ses débuts, figuratifs, où les paysages ressemblent à quelque chose. Puis, progressivement dans son œuvre, il s’abstrait. Les lignes se cabrent, les couleurs se vivifient. Les premières se détachent des secondes. Le monde prend son envol à travers la vision du peintre russe. Le temps, l’espace, tout se décompose, on croit entrer dans le chaos, voyager dans l’infini. En maître de son Univers, Vassili orchestre ce bric-à-brac et parvient à une esthétique sensorielle sublime : courbes, dégradés chromatiques, croisements, cercles, irrégularités géométriques. C’est beau et c’est grand. Il prend le monde, l’embrasse, le ramasse pour qu’il entre dans son shaker, il secoue, il explose ça sur la toile et ne garde que l’essentiel. Il parvient à l’épure parfaite avec « Jaune, Rouge, Bleu ». Ses tableaux précédents tendaient vers celui-ci. Les tableaux suivants en sont des variations. Du grand art.

Warhol @ Grand Palais

Pop, masses, photomaton, 1/4h de gloire, rien ne dure, d’ailleurs rien ne se crée, tout se transforme. De la couleur, des grands formats, des stars, on a envie d’y aller à cette expo. Et elle tient ses promesses. Voir défiler toutes les icônes du XXe siècle, de toutes les couleurs, dans tous les styles. La patine de Warhol féminise les hommes et sublime les femmes. Mao semble sorti d’un film d’Almodovar. Marilyn atteint le firmament du glamour. Il y a aussi les auto-portraits (mégalo) : Andy par Andy, à différents âges, de plus en plus tourmenté au fil du temps qui passe. La photo officielle de Lénine était très sombre, Warhol l'éclabousse de rouge. C'est le sang des travailleurs: ceux qui sont morts pour une belle ideé en 17, et ceux qui sont morts au Goulag par le dévoiement de cette même idée. Ce tableau c'est le portrait d'un homme, le triste destin d'un peuple, l'avortement de la plus belle idée de l'Histoire de l'Humanité.

jeudi 11 juin 2009

Européennes 2009: Une arène à moitié vide, des lions fous, César aux anges.

1° Abstention : 60%
60% d’abstention (plus que la moyenne UE). Alors que pourtant, le vote… voilà un acte gratuit et beau, qui permet de dire qu’on préfère la démocratie à l’oppression. Si vous n’arrivez pas à faire votre choix parmi les partis, alors votez blanc, ou nul. Le vote nul, il est sympa, parce qu’on peut prendre un bulletin UMP et écrire plein de choses dessus. Parfois ça soulage. Et c’est mille fois plus respectable que de ne pas voter.
Peut-être qu’un tel niveau d’abstention veut dire qu’on s’imagine la démocratie si bien ancrée qu’on ne craint pas de la perdre en n’allant pas voter ; ce serait un acquis irréversible. N’oublions pas que par trois fois dans l’Histoire de France, des chefs d’Etat ont commencé dans la démocratie avant de glisser dans la tyrannie : Les deux Napoléon et le Maréchal.

2° Traitement médiatique : Ratage
Une campagne ?
Uniquement nationale. Personne n’a parlé des autres pays. Sauf Dany-le-rouge, qui en sera récompensé dans les urnes.

Qu’ont fait les médias ?
On cherche la petite phrase et les polémiques de personnes pour séduire l’auditoire en manque de divertissement. Chercher à rendre les Européennes aussi sexy que Les Experts à Miami, ça ne sert à rien. S'évertuer à questionner les politiques sur leur avenir national, la tambouilles des pourcentages et du "capital des voix", sans jamais évoquer le résultat des européennes en EUROPE, c'est grave !

Des débats ?
Très peu de débat.
Y’a bien eu la foire d’empoigne chez Chabot (le 5 juin) : 11% de part d’audience, 2.4 millions de téléspectateurs. Cette pauvre Arlette n’a rien pu faire face à ces renards et lions sortis de leur cage, éblouis par la lumière télévisuelle, grisés par l’enjeu, aveuglés par leur ego. Un système de double table visait à créer des confrontations (Dany Vs. Bayrou d'un côté; Réformistes Vs. Radicaux de l'autre). France2 a voulu titiller les fauves pour faire du spectacle et se plaint désormais de l'ampleur des dégâts: arroseur-arrosé.
Pour info, sur les 8 invités, seuls 4 étaient effectivement candidats aux Européennes.
Sur les 8 fauves, seuls Besancenot, Aubry et Cohn-Bendit ont parlé politique, les autres étaient juste de furieux énervés cyniques, méchants et irrespectueux, voire menteurs (Cf. X. Bertrand qui excelle dans le mensonge par omission notamment). Il y aurait tellement à dire sur le comportement de chacun que, par souci de concision, je tairai tout.

3° Bilan : Feu vert pour Dany-Le-Rouge
La gauche = 44.86%
- Extrême : 6.1%
- Réformiste (Front de gauche + PS + Verts) : 38.76%

Le centre
= 8.4%
- Modem : 8.4%

La droite
= 40.61%
- Réformiste (UMP + Dupont Aignan) : 29.57%
- Extrême (FN + Villiers/Chasseurs + K.Lang) : 11.04%

A gauche : Le PS est 0.2 pts devant les Verts. Du même coup, Benoît Hamon n’est pas réélu.
Au centre : Ce qui est peu pour un parti aussi européiste. Il paye la campagne nationale et personnelle de Bayrou (non candidat) contre Sarko. Il paye peut-être aussi son attaque personnelle et calomnieuse à l’encontre de Cohn-Bendit lors de l’émission de Chabot. Enfin « il paye »… Les Modem non-élus, payent pour lui.
A droite : L’UMP rassemblant toutes les droites, il apparait comme largement en tête des partis politiques : ça s’appelle la théorie des apparences.

4° Conclusion
La gauche est devant (mais personne ne le dit).
La gauche réformiste est devant la droite réformiste.
La gauche n’a pas de grand parti locomotive, ni de leader charismatique pour rassembler tout le monde.
Nos députés européens, dont personne n’a retenu le nom, retournent pour 5 ans dans l’oubli et pourront travailler (ou pas) dans l’ombre.
Aucune conclusion définitive n’est à tirer sur l’état des forces politiques en France, vu le fort taux d’abstention et le caractère européen du scrutin: Bayrou n'est pas fini, Les Verts n'ont pas autant d'électeurs que le PS, etc. etc. Cela dit...

Les gagnants:
Le BON (Dany bien sûr)
Les BRUTES (anti-européens, anti-démocrates: ex. Villiers)
Et le TRUAND (César-Sarko).

mercredi 10 juin 2009

Barbara, dis, quand reviendras-tu?


Barbara aurait eu 79 ans aujourd’hui. Juliette Greco, 82 ans, survivante du Saint-Germain-des-prés des fifties-sixties, se produit encore sur scène. Alors je me dis que c’est dommage. Pas dommage que la Greco chante encore*, mais dommage que Barbara ne chante plus, ou tout le moins, n’écrive plus. On me dira : « Oui, mais il y en a d’autres… » Certes, d’autres écrivent et chantent, mais qui le fait avec autant de grâce ? Des textes profonds sur des musiques légères, des chansons tristes, des chansons gaies, en tous les cas des chansons qu’elle ne chante que pour nous, comme si elle nous avait trouvé le plus court chemin entre l’oreille et le cœur. Quand d’autres s’enfument derrière leurs paroles, multipliant les phrases, nous en proposant beaucoup trop pour que quelques-unes tombent juste, elle reste légère et vient en trottinant nous révéler à nous-mêmes.
Brel, Brassens, Barbara, tous les trois écrivent leurs textes, tous les trois se font connaître à la trentaine dans des cabarets parisiens de l’après-guerre et tous les trois meurent plus tôt que la normale.

Conclusions :
1° Les télé-crochets sélectionnent des candidats trop jeunes, et souvent trop cons, ce qui est gênant.
2° Nous vivons un post-modernisme où la crise économique se mêle à un apocalyptique environnementalisme-post-industriel. En résumé, notre horizon est bas, innocence et espérance relèvent de la prouesse. Comment jouer dans un piano bar et chanter la vie comme elle va dans un tel contexte ? Un horizon bas, pour les vieux, c’est pas grave, ça reflète leur intérieur, d’ailleurs eux-mêmes deviennent de plus en plus bas. Mais pour les jeunes, c’est mortel. Alors, à la foule sentimentale que nous sommes, il ne reste plus qu’à écouter Alain Souchon en ne mettant pas la musique trop forte pour ne pas consommer trop d’électricité : faut faire gaffe à la Planète les mecs !



* Mais oui, dommage qu’elle prenne position pour la loi Hadopi. Comment être aussi frileux ? Peut-être l’âge justement.

mercredi 3 juin 2009

Ce matin: Partie de Tétris métropolitain


Tétris a 25 ans. J’ai 25 ans. Je prends le métropolitain parisien depuis 7 ans. Et ce matin pour la première fois de ma vie j’ai participé à un Tétris géant dans le métro.
Le principe est simple : incident sur la ligne, attente, attente... agglutinement des usagers sur le quai… attente… arrivée du métro, les rames sont bourrées. Arrêt. Ouverture des portes. Quelques personnes descendent, le triple tente de monter. Et c’est à cet instant précis qu’intervient le jeu Tétris grandeur nature. Le but étant de faire des lignes et de parvenir à s’accrocher à un point d’ancrage. La plasticité du corps de chacun permet, contrairement au jeu vidéo, d’arrondir les angles. Moi qui suis un grand « I », je peux me tordre un peu pour former un presque « L ». Et donc, gentiment, tous autant que nous y fûmes, nous nous emboîtâmes jusqu’à former un bloc bien compact. En milieu de train, où je me trouvais, nous fûmes les meilleurs, rien ne dépassait. Si bien qu’un grand nombre d’entre nous pouvait tenir dans ce petit espace. C’était prévu pour 10, on était une bonne vingtaine de sardines là dedans.
Le problème ce sont les secousses dans les virages, et je ne parle même pas du freinage d’urgence qui a projeté le poitrail de mon voisin dans la poitrine de ma voisine. Personne ne s’en est ému. Finalement ça punit les moins doués. En effet les meilleurs d’entre nous étaient parfaitement collés à leurs voisin-e-s et n’avaient pas d’espace de projection de part et d’autre. Donc aucun risque de collision : tout se tient, on partage tout, y compris les odeurs (vive l’été !). Ce qui est amusant, c’est que chaque arrêt à une station constitue une nouvelle occasion de tout recommencer, on laisse passer ceux qui sortent, on change de position, puis le reflux arrive et il faut s’imbriquer à nouveau parmi cette foule inconnue qui mêle touristes et travailleurs, sacs à dos et sacoches noires… et sacs à mains, autant de traîtres accessoires monopixels qui ralentissent le jeu et font trébucher les plus étourdis.
Chatelet : tout le monde sort, tout le monde rentre. On commence à regretter de participer à cette partie. On regarde avec envie les 8 chanceux (deux fois quatre) qui ont pu s’asseoir. Aucun n’est invalide de guerre, aucun n’est enceint, pas même d’invalide civil. Comment ont-ils fait ces usagers qui s’octroient le droit de refuser le Tétris RATP ? Probablement des embarqués de la première station. Ils ont un avantage et ils y tiennent. Aucun d’eux ne laisse sa place à un aîné qui est à la peine au Tétris. Un « Chacun sa merde » est prononcé pour toute réponse. Le privilège de l’âge cède sa place devant le privilège du premier arrivé. Terminus tout le monde descend. Game Over.

PS: "Il faudrait essayer d'être heureux, ne serait-ce que pour donner l'exemple" Jacques Prévert.

mardi 2 juin 2009

Arène, gladiateurs et aquaplanning ! (C'est pire qu'Intervilles)

Les avions qui s'écrasent c'est terrible. Quiconque a pris l'avion a envisagé le pire pour lui une fois en l'air. Alors forcément quand ça arrive... on se dit que... ça arrive! Et c'est HORRIBLE, indicible tellement c'est atroce.
Ce soir, les JT ont montré des images poignantes des familles des victimes à Roissy, aéroport de destination. Le vol était encore inscrit comme "arrivant avec retard". Les visages étaient décomposés. Leur a-t-on demandé s'ils donnaient leur accord pour entrer, via la lucarne, dans le salon de la France entière... pas sûr. A quelles fins ces images-choc? Toujours la même chose, depuis que les romains vont applaudir les gladiateurs. Voir la souffrance de près. S'apitoyer. Et se sentir bien vivant. Se sentir une communauté, unie par une catastrophe (lien social!). On regrettera que la catastrophe écologique a venir ne produise pas les mêmes effets. C'est qu'on n'a pas encore d'images choc et que c'est du prospectif.
Mais pourquoi, Grand Dieu, pourquoi est-ce qu'on n'a toujours pas compris qu'une vie humaine est une vie humaine, qu'elle soit philippine ou française. Alors on procède au décompte des passagers du malheureux vol. Il y avait une majorité de Français. La nouvelle est donc d'autant plus triste. C'eût été uniquement des brésiliens, pas d'ouverture de JT. Juste bons à danser avec une plume dans le cul pour le Carnaval de Rio et à se faire refaire les seins pour leur anniversaire. Que c'est rassurant de rester dans ce qu'on connaît, petite fenêtre atrophiée; un monde immuable, codé: l'Afrique a faim et n'est pas encore entrée dans l'histoire, les brésiliens ont des seins refaits, les canadiens ont froid et ont un accent qui craint, les arabes sont des kamikazes et les noirs sont suspects, quant au Moyen-Orient... ralala quand est-ce qu'ils arrêtent leur guerre là... on dirait qu'ils aiment ça, les chinois ils sont petits et travaillent tout le temps, et les japonais... etc. etc., et les francs-maçons... ils tiennent la France, non? (A chaque semestre, tous les hebdos les plus sérieux en font une Une. Théories du complot, toussa toussa. Hitler savait s'en inspirer aussi).
Puis les reportages s'enchaînent. Rapidement on tombe sur des hommes politiques qui sortent leur plus belle tête d'enterrement. Dixit Bussereau (le sieur est ministre): "Prions".
On paye une redevance et il ne nous est même pas fourni la bassine qui va avec. On va quand même pas se vomir sur les chaussures...

vendredi 29 mai 2009

L'arène médiatique... l'arène déconne !


Frédéric Lefebvre s’est encore illustré cette semaine. L’idée est simple : vomir une idée saugrenue dans la tambouille médiatique le lundi, et laisser l’espace public de la semaine se remplir des réactions des uns et des autres. Ca s’appelle agiter un chiffon rouge (Cf. photo*) et ça évite de parler des sujets qui fâchent (les élections européennes ?). Pour être efficace, comme ce fut le cas cette semaine, il faut proférer une énormité**. La simple erreur ou le lapsus n’y suffisent pas. Alors il faut dire une bêtise plus grosse que soi, et que tout le monde puisse s’en offusquer, y compris dans son propre camp. Ce qui est regrettable c’est que les médias ne prennent aucun recul sur les déclarations de Lefebvre et démarrent au quart de tour cette pseudo polémique qui fait boule de neige en 24h. A courir derrière le sensationnalisme, qui garantit de grosses audiences, les journalistes oublient le cœur de leur métier, à savoir le regard critique. Instinct de survie d’une espèce en voie de disparition.

* Notons au passage que si Lefebvre agite le chiffon, c'est que la France est un taureau, ce qui contrecarre la vision gaullienne des Français perçus comme des veaux. A suivre.

** Enormité de la semaine: Travailler pendant ses jours de congé (maladie, maternité, etc.). Ce qui est donc l'inverse de la définition du congé. Il fallait y penser.

jeudi 14 mai 2009

Pape (et consorts) au pied du Mur !


Le Pape est parti en tournée au Proche-Orient. Il y rencontre les Grands Schtoumpfs des principales religions monothéistes. Comme ses prédécesseurs, il ne visite pas le mémorial de la Shoah, pour éviter d’avoir à justifier l’attitude du Vatican pendant la Seconde Guerre Mondiale. D’autant que Benoît, ex Jeunesse hitlérienne, approuve benoîtement la béatification du pape de l’époque : Pie XII, dont une photo est accrochée au mémorial de la Shoah. Benoît n’as pas très envie de passer devant. Comme quoi il n'assume pas complètement.
« Cachez donc ce saint que je ne saurais voir ».

Ainsi, Benoît a posé le pied sur une terre considérée comme sainte par les principales religions monothéistes. Prétendument saint, ce territoire n’est en rien un sanctuaire puisqu’il est, aux yeux du monde, davantage source de conflits que concentration des spiritualités.

Alors il est où le problème ? Benoît, lui, il est tranquille, il habite à Rome, peinard, dans son Etat souverain qui siège à l’ONU et qui n’est composé que du curés. Il a sa place au soleil. Le Saint-Siège fait ses bains de siège dans la capitale italienne. Il a son bout de territoire terrestre que personne ne lui conteste. Mais les deux autres, ils veulent la même chose, aux mêmes endroits. Cependant je m’interroge. Pourquoi un tel acharnement, sachant que :
- Si on est croyant, ce qui importe c’est davantage sa place dans l’au-delà que la latitude à laquelle on traverse sa vie terrestre. N’est-on pas plus proche d’Abraham, Moïse, JC et consorts en étudiant leur vie, leurs préceptes et respectant l’esprit de leur passage terrestre, qu’en cherchant à s’agglutiner sur les terres qu’ils ont foulé et mouillé de leur sang ? Ou bien on se lance dans la concurrence des martyrs.
- Dieu (ou YHWH, ou Allah) n’a pas décrété que tel territoire serait plus saint qu’un autre. La dernière fois je suis tombé sur une chapelle perdue sur un plateau du Vercors, à 1000m d’altitude. La foi ça se transporte, il paraît même que c’est si léger que ça suit l’âme quand elle monte au ciel, c’est pas un boulet vissé aux rives de la Mer Morte.

Conclusion : Aimez-vous les uns les autres et inch’Allah alleluia !

Conclusion (2): Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais en regardant bien la photo de Ben16, je trouve que le Pape, en habit, il ressemble à un champignon, avec la collerette et le chapeau. Tout quoi !

Conclusion (3):
Les saint Jean bouche d'or qui prêchent le martyr
Le plus souvent, d'ailleurs, s'attardent ici-bas
Mourir pour des idées, c'est le cas de le dire
C'est leur raison de vivre, ils ne s'en privent pas
Dans presque tous les camps on en voit qui supplantent
Bientôt Mathusalem dans la longévité
J'en conclus qu'ils doivent se dire, en aparté
"Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente"

www.dailymotion.com/video/x1h2po_mourir-pour-des-idees_music


samedi 2 mai 2009

Vautour, canard ! (Poet, poet)

Panique générale en occident, on va tous chopper la grippe. On s'occupera des meurt-de-faim après. En attendant on va tous mettre nos masques-canard.

mardi 28 avril 2009

Psychose, Joker et Angelo Pardi !



La grippe porcine touche les humains. Les mots sont trompeurs. Ou alors elle ne touche que les humains qui reçoivent le qualificatif de « porc » par leurs pairs. Ça serait trop facile. Et puis peut-on être un porc dans l’absolu, aux yeux de tous et pour toujours ? Probablement pas. On est « porc » à un moment donné et aux yeux de certains, avec de bonnes ou de mauvaises raisons.

Ainsi la grippe cochonne touchera ses cibles aléatoirement, chaotiquement, au hasard. Et ce d’autant plus que l’on vit dans un monde ouvert (tous les ans, un milliard de personnes prennent l’avion). Les frères humains partagent tout. Les joies et les peines. On a vu Babeth II se faire mettre une couronne sur la tronche, les Américains marcher sur la Lune, les New Yorkais courir dans le vacarme de tours qui tombent, les Asiatiques se noyer sous un tsunami, les Chinois s’accrocher des médailles d’or autour du coup. Aujourd’hui on voit les Mexicains revêtir des masques et l’on sait que ce n’est pas une coquetterie de nippons parisiens polluto-névrotiques. Devra-t-on faire de même ? Tous, autant que nous sommes, nous grimer en Docteur Doug, organiser des soirées façon Urgences ?

Tel Joker de The Dark Knight ne révélant pas ses plans, le virus frappera anarchiquement semant au mieux le trouble, au pire la psychose : cloîtré chez soi, ne réduit-on pas les risques de contamination ? Curieux retournement de situation. La récession économique a fait marcher au pas l’homo œconomicus, trop affolé qu’il était de rejoindre le troupeau des brebis galeuses au chômage : « Dégoter un stage est un luxe aujourd’hui monsieur ». Mais finalement, finalement, on en oubliait l’essentiel, il y a quelque chose au dessus de l’homo œconomicus, il y a l’homo sapiens sapiens encore vivant. On ne va quand même pas s’excuser d’être en vie, mais on se doit de porter haut le flambeau de l’humanité.

Jean Giono dans Le Hussard sur le toit (ou comment une épidémie peut être vécue romantiquement) :
« Nous ne savons pas ce qui nous attend sinon que, d’après ce que nous avons déjà vu ce sera sans doute coton. Tâchons d’être à la hauteur des événements. »
« Le choléra est une saloperie, mais le reste est une saloperie encore pire. Ne faites pas le cocardier. »

mercredi 22 avril 2009

Les Chauffeurs de la Drôme


Il y a un siècle exactement, des brigands de grand chemin semaient la terreur à travers le pays. Parmi les plus célèbres on trouve les « chauffeurs de la Drôme » qui assassinèrent 18 personnes âgées après leur avoir soutiré leurs économies. Méthode employée pour forcer les vieux à avouer où se cachent les bas de laine ? Leur brûler les pieds. D’où le charmant surnom : « chauffeurs de la Drôme ».


C’est toujours curieux de s’imaginer le mode de vie de nos arrière-arrière-grands-parents, en 1909.
Pas d’électricité : donc pas d’ordi, pas d’Internet, pas de Facebook. Certes, mais aussi : des rues mal éclairées, pas de sèche cheveux, et bien sûr : aucun électro-ménager : lave-linge, lave-vaisselles, four, etc.
Pas de droit de vote pour madame, pas grand-chose de permis pour madame d’ailleurs
Pas d’études supérieures, pas de perspectives de carrière réelle
Pas un seul jour de congés payés, mais, grand progrès, la semaine de 6 jours vient juste d’être votée, ainsi que la journée de 10h (donc semaine de 60h)
Peu de transports : pas de voitures, pas d’avion, pas de TGV, peu de train, guère de calèche à grande vitesse…
Pas vraiment d’information : des journaux certes… mais pas de radio, rien.



Qu’on ne vienne pas nous sortir que l’insécurité c’est nouveau et que ça demande des moyens supplémentaires et qu’on n’a qu’à accepter de réduire nos libertés individuelles sous ce prétexte. Agir oui, mais faut pas pousser mémé dans les orties.

lundi 20 avril 2009

Entre Les Murs Vs. La Journée de la Jupe


Deux films sur l'école, à l'intérieur de l'école: deux profs de français dans des collèges difficiles: un homme, une femme.

Dans Entre les murs, François Bégaudeau ne parvient à rien face à ses élèves, rien ne passe, la barrière de la langue est infranchissable, d'un côté comme de l'autre. Jamais le prof ne trouve la clé de l'équation à trop d'inconnues qui lui permettrait de délivrer un cours à une classe qui s'y refuse. Le film en reste là: incommunicabilité des êtres, échec de l'intégration, collision d'un habitus quartier difficile sur le mur bourgeois de l'Education Nationale.

Confrontée à la même situation, dans La Journée de la Jupe, Adjani va entreprendre un geste fou pour débloquer la situation. Droite dans ses bottes, femme dans sa jupe, prof dans sa tête, elle dégaine. Non, elle n'ôte pas sa gaine (film tout public). Elle braque son flingue sur la classe. La classe ! Et elle parvient à parler de Molière. L'écoute devient nécessaire, obligatoire, vitale. Le film est une réussite. Les acteurs sonnent juste, l'humour se faufile tout au long du film, notamment grâce à Jackie Berroyer qui incarne Le Principal du collège, pas à la hauteur.
Conclusion: on y court, si on trouve un cinéma qui le passe. Sinon on attend la redif d'Arte. Pour les plus courageux d'entre vous qui ne craignez pas de vous attirer les foudres ni la fougue de la belle Christine Al-Banel... téléchargez! (légalement of course).

samedi 11 avril 2009

Frost/Nixon Vs. Harvey Milk Vs. Il Divo



Trois films politiques, dans trois genres différents.
En toile de fond les années 70, les médias, la télé, le fric (eh oui, à l'époque y'en avait)

Harvey Milk (1930-1978) montre la lutte d’un idéaliste fer-de-lance pour défendre la cause homosexuelle sur un échiquier politique qui se contrefiche de cette question.
Il Divo montre les combines et l’isolement de Giulio Andreotti (1919) à la tête d’un grand parti politique italien dans un pays où les alliances politiques sont friables et où la mafia corrompt.
Frost/Nixon est le post-scriptum de l’affaire du Watergate. C’est la postface d’un homme politique brillant qui a tout perdu. L’histoire de l’interview télévisée la plus regardée au monde : Richard Nixon (1913-1994) 3 ans après sa démission.

L’ascension, la gestion, la déchéance. Trois dynamiques passionnantes à observer.

Incontestablement, le meilleur des trois est Il Divo, alors que les personnages, le contexte et les thèmes abordés sont ceux qui, a priori, m’attiraient le moins. La réalisation de Paolo Sorrentino est magistrale, chaque plan est un feu d'artifice.

Les trois films ont été peu distribués. A eux tous, ils font moins d'entrées qu'une seule journée d'exploitation de Coco...

vendredi 10 avril 2009

Le crime de l'Orient-express

Ce diable avait deux ans
Il n'était pas très grand.
Apparence angélique
Esprit machiavélique;
Remonté des enfers
Et ne sachant que faire
Il entra dans un train
Malheur... ce fut le mien !



A la minute où je me suis assis à ma place dans le train il a crié, il a gémi, il a gesticulé. Ce n'est pas dramatique me direz-vous. Certes, non. Le drame absolu, c'est que ma place fut numérotée, comme la sienne et que nous fumes condamnés à nous faire face pour 3 longues heures. Oui! Nous faire face. Ô joie des tables dans les TGV, quelle brillante idée...
SNCF: à nous de vous faire détester le train.

Week end de Pâques oblige, Paris se vidait comme une dinde et chacun rejoignait sa province de coeur, sa province natale, sa province d'adoption. Pour les plus chanceux ladite province regroupait les trois attributs.

Mon malheur à moi tenait en trois lettres: Tom. Sa province à lui était la même que celle de sa mère assise à côté et ne devait pas être bien éloignée de la mienne. D'où le trajet en commun.

Moi: "Grand dieu qu'ai-je fait pour mérité ça? Pourquoi diable hurle-t-il "un train" à chaque fois qu'il en voit un et même quand il n'en voit pas? Pourquoi les coups de pieds? Pourquoi les pleurs? Pourquoi systématiquement tout renverser sur mes affaires? Et surtout, pourquoi est-ce que sa complice de mère est-elle laissée en liberté? N'a-t-elle trouvé rien d'autre pour le calmer qu'un DVD dont tout le monde profite du volume sonore? Pourquoi est-ce qu'elle essuie la table avec la main quand le mioche éternue? Pourquoi est-ce que tout ça l'amuse?"

Lui: "One rule: No rule. Je parle fort si je veux et j'hurle si je veux. Quand je tombe ma mère me relève, la bienveillante. Quand je pleure, elle sèche mes larmes, la brave femme. Personne ne me dit qu'il n'en sera pas toujours ainsi."

Ce qui me gène moi, c'est ce que j'ai pensé. Je le confesse ici. J'ai pensé mal. Très mal. Pour tout dire j'ai voulu prendre la tête du gosse et l'exploser contre le coin cette maudit table qui le séparait de moi. Et quand je dis exploser, c'est bien exploser. J'aurais voulu voir la cervelle dégouliner sur ses affaires à lui. J'aurais voulu voir ses yeux sortir de leur orbite. problème: le code pénal en vigueur dans notre république m'interdit de tels agissements. Même en plaidant la folie, c'est un coup à rester au trou plusieurs décennies.

Ô que ma peine fut grande lorsque le diablotin se tut une minute, celle-là même où le contrôleur vint vérifier nos billets. le silence du garnement lui valut un compliment de l'agent SNCF: "Mais qu'il est sage ce petit"... J'ai cru me mettre à pleurer. Mais les larmes ont coulé à l'intérieur. J'ai gardé la face. On a continué de me prendre pour quelqu'un de fort. Oui, car c'est le reste de la rame qui se tapait les cuisses. Ils étaient trop contents de n'être pas à ma place, les chiens. Je n'ai eu de cesse d'envisager passer le reste du trajet dans le wagon bar, sur un tabouret raide comme la justice. Mais j'ai tenu à faire front et à profiter de la mousse de mon fauteuil jusqu'à la fin. Après tout, n'avais-je pas payé 70euros ce billet?

Mais à quel prix! Au prix de ma bonne santé mentale. Voilà que j'ai envie de vomir maintenant. Le petit joue aux voitures. Y'a même un camion de pompiers et des avions. Lorsqu'il a sorti son camion citerne, j'ai vite compris qu'il fallait que je passe aux toilettes. La tentation de le lui faire bouffer était trop forte.

Dernier stratagème, dernier rempart contre l'ennemi qui souhaite mon anéantissement total: l'ironie. Alors que j'étais en train de lire les Fragments d'un discours amoureux*, je me suis décidé à changer de bouquin. C'est qu'une question me taraude depuis des mois et des mois. Philosophie Magazine y consacre un numéro spécial: "Pourquoi fait-on des enfants?".

Débat à suivre.


*de Roland barthes

jeudi 2 avril 2009

Les Noces Rebelles

(Titre original: Revolutionary Road)


MAGIQUES dans l’historique et tragique Titanic, les deux Romantiques sont pour toujours les amants mythiques de l’Atlantique.
Belle-Kate et Beau-Léo… ça coule de source. C’est beau comme le rire d’un enfant sous le vent.
Les amants en croisière s’amusent.
Amour bercé par l’océan.
Amour parfait parce que pureté immaculée, comme ce diamant… «Cœur de l’Océan»

Mais finalement, cette grande épopée n’est-elle pas que la partie émergée de l’iceberg ?

Les Noces rebelles est une plongée en eau trouble. Il s'agit plus de faire mumuse sur un paquebot en écoutant du Céline Dion cheveux au vent à toute baltringue sur la proue. Non, là il s'agit de vivre. On entre dans le quotidien. Mortel?
Belle-Kate retrouve pour la première fois son amoureux depuis que Beau-Léo a piqué du nez par -15°. Et Kate est belle, oui. Belle et rebelle. Ce qui est toujours mieux que moche et remoche, tout le monde en conviendra. Mais Beau-Léo, lui, il n’est pas si rebelle que ça.

Explications.
Ils sont en couple tous les deux. C’est l’après-guerre. Ils sont jeunes. Ils ont le pavillon dans la banlieue pavillonnaire. Ils ont deux beaux enfants que Kate élève pendant que Léo est au bureau. Et alors ? C’est ça le bonheur ? Recevoir les voisins de temps en temps, sortir dans le seul bar du coin ?
Kate rêve de Paris. Léo finit par s'en convaincre. Ils veulent vivre. Bien sûr ça comporte risque, danger, incertitude. Mais quelle aventure! Traverser l’Atlantique, en bateau, mais dans l’autre sens cette fois.
Kate enceinte d’un troisième, une promotion proposée à Léo, la société tout entière qui désapprouve le choix des deux tourtereaux. On peut toujours trouver mille raisons pour ne rien entreprendre.

Il est où le bonheur ? Cette vie que propose le rêve américain n’est-elle pas que « hopeless emptiness », à la fois néant et sans-espoir ? Dans cette banlieue tranquille, océan de conformisme où se s'est abîmé le jeune couple, seul l'idiot du village voit clair :
« Plenty of people are on to the emptiness. But it takes real guts to see the hopelessness ».

Film sombre, aride, antithèse de Titanic finalement.
Titanic II, les amants de l’Atlantique plongés dans le quotidien de l’American way of life.


Concluons en 4 temps :
Le Premier temps c’est Carpe Diem (parce que ça ne mange pas de pain)
Pierre de Ronsart : « Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie »
Le second c’est Gide dans Les Faux-monnayeurs :
« Dans un instant, j’irai vers mon destin.
Quel beau mot : L’aventure ! Ce qui doit advenir. Tout le surprenant qui m’attend. »
Le troisième c’est George Burns, qui, lui, a trop attendu :
« Je suis à cet âge où le simple fait d’arriver à mettre un cigare dans un fume-cigare est une aventure excitante »
Alors le quatrième temps s’impose, avec René Char dans Rougeur des Matinaux :
« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder ils s’habitueront. »

lundi 16 mars 2009

L'affaire du trou

Au risque de paraître vieux jeu, vieille école, old school, et tutti quanti , je vous livre cette confidence. Je ne mange la salade verte qu'accompagnée d'un morceau de pain. C'est comme ça. Ca éponge ou je ne sais pas. Mais je préfère. Eh puis le pain, c'est bien. Le rompre, c'est perpétuer un geste christique, le manger c'est saluer un rite ancestral, c'est soutenir le commerce de proximité, c'est encourager la France qui se lève tôt.

Or, au menu de ce soir, salade verte; c'était décidé de longue date. Les lundis soir c'est salade verte. Comme dit l'adage: "salade, jamais malade". Pour pouvoir la manger dans de bonnes conditions, il fallait donc que je prisse les devants.
Direction la boulange. Petite attente. Bien sûr on apprend qu'il n'y a plus de saison. Que la maison ne prend plus les chèques (m'enfin moi je me demande si une fois dans sa vie la maison les as pris nos putains de chèques). On apprend aussi que quand on les fait tomber, les pièces ne repoussent pas. Que dix centimes qui nous font vingt. Que la petite a grandi. Que la vieille a rapetissé. Que le temps passe. Que l'eau ça mouille et que le feu ça brûle.

Rapidement, ce fut mon tour. À croire que le temps passe vite, en effet. Je cède à mon tour aux courtoisies d'usage. Et puis nous en arrivons rapidement à la question de savoir ce qui m'a amené jusqu'ici. Cette question est fort légitime, il y a des tonnes de produits différents dans cette boutique !

La question se pose en ces termes: "Qu'est-ce qu'il lui aurait fallu?". Mieux que le tutoiement, encore plus distingué que le vouvoiement, la troisième personne du singulier. Magnifique mise à distance. Mais ce qui impressionne, c'est surtout l'usage impeccable du conditionnel passé première forme.

C'est donc à moi de répondre. Mais là, blocage total. Trou noir. Il est vrai que je ne prends pas une vulgaire baguette ou un traditionnel pain de campagne. Ca, ça aurait été trop facile. Non, je prends le truc que toutes les personnes habitant seules prennent. Comment est-ce qu'on appelle ça? Je reste un long moment muet face au regard médusé du boulanger m'observant buter sur une réponse aussi simple et prévisible. L'envie me prend de commander un produit quasi-similaire et dont je connais le nom, à savoir la demi-baguette. Je ne tombe pas dans la facilité. Avec toutes les peines du monde, je parviens à trouver un synonyme que j'hurle dans la demi seconde: "une flûte".
Livide le boulanger m'indique que l'on n'est pas à la salle Pleyel ici.
Moi: "Mince, c'est pas ça, alors...
Lui: _ Bon eh bien je vous file une ficelle, comme tous les jours
Moi: _Exactement, c'est tout à fait ça"
(et pourtant on n'est pas dans une cordonnerie).

Morale de l'histoire:
1/ J'aurais dû me contenter d'un "la même chose que d'habitude" au lieu de vouloir faire le malin.
2/ Il est toujours plus valorisant de buter sur des mots compliqués que sur des banalités. Prendre un air pénétré, et laisser un blanc de 20 secondes pour annoncer "ficelle", c'est moche.

mardi 10 mars 2009

Un neuf plus un zéro

18h00. Téléphone. Vélib. Cap sur la maison. Pédale pédale. Intersection en croix. Je prends à droite. Le feu passera au vert 1/2 seconde après que j'ai coupé la ligne d'effets des feux. Direction la casa. Pédale, pédale. Pin-pon-pin-pon. 4 policiers nationaux dans leur citroën... Je suis dans de beaux draps.

Lui: Stationez sur le trottoir.
Moi (intérieurement): Bah vas-y fais moi commettre une infraction supplémentaire, j'adore faire de gros chèques.
Lui: Bonjour.
Moi (intérieurement): Ta gueule !
Lui: Papiers du véhicule, siouplé. Heu non excusez-moi, vous êtes en deux roues.
Moi (intérieurement): Oui je suis pas en tricycles patate.
Lui: Pièce d'identité, siouplé.
Moi (intérieurement): ...
Lui: Êtes-vous conscient d'avoir commis une infraction?
Moi (intérieurement): J'ai vendu ma conscience au diable, lorsque j'ai voté Chirac en 2002.
Lui: Le feu était rouge.
Moi (intérieurement): j'ai le sentiment que cette banale histoire chromatique va me coûter cher. Rouge, vert, orange... Après tout un rouge quasi fini est un vert pâle, non?
Lui: Attendez là.

Attente, attente. Mon pauvre vélib, par dessus le marché, arrivera à destination au delà des 30 minutes réglementaires, et donc avec une pénalité de retard. Il revint. Son papier était tout griffonné. C'était mort.

Lui: Ce n'est pas parce que vous êtes en cycle qu'il faut faire n'importe quoi.
Moi (intérieurement): Cycle, cycle... j'vais t'en mettre, moi. Aux Etats-Unis on peut tourner à droite même au feu rouge banane.
Lui: Heureusement que vous n'étiez pas en voiture, sinon c'était 6 points en moins.
Moi (intérieurement): Écoute connasse, avec des "si" on met Paris en bouteille. Et en bagnole je conduis pas pareil, y'a des clignotants et des vitesses, c'est tout un autre concept.
Lui: Oui donc voilà, ça fera 90eur.
Moi (intérieurement): 13h de travail, normal.
Lui: Bien sûr, c'est le même tarif que pour une contravention auto. Alors certes vous ne risquez pas de causer de dommage à autrui, mais vous risquez de vous en causer à vous-même.
Moi (intérieurement): C'est la meilleure ça! Ils me font lâcher 10 sacs pour me protéger contre moi-même. Dans leur logique quelqu'un qui tente de se pendre et se loupe, il paye une amende de combien?

J'ai roulé rue saint Honoré, jusqu'à chez moi. Je ne sais même pas ce que je lui ai dit au final. Je ne me rappelle que mes bougonnements intérieurs.

Slumdog Millionaire



« Un film à voir, et à revoir, en famille »
Je me rappelle, ils disaient ça sur TF1 pour Ciné Dimanche, votre séance du dimanche soir.

Tout ça pour dire que Slumdog Millionnaire est un film à voir et à revoir. Je suis bien conscient d’arriver après la bataille. Les Oscars sont passés avant moi, le bouche-à-oreille aussi. Mais je n’ai réussi à voir ce film qu’à la sixième tentative, tant les salles étaient remplies. D’ailleurs, ça s’est joué à une poignée de secondes, le nombre de places restantes descendait drastiquement quand j’ai finalement atteint le Saint graal de la borne UGC.

C’est réussi de A à Z : jeu d’acteur, décors, photo, musique, montage, etc. L’essentiel reste l’histoire, elle est parfaitement racontée par d’habiles flashbacks. On rit, on pleure. C’est beau, c’est simple. Sincère et généreux. A voir et à revoir.

mercredi 25 février 2009

Déçu lundi, sur Canal+? VolDeNuit t'offre cette vidéo de U2 au sommet de son art

U2 étaient les grands invités du Grand Journal, en cette soirée "historique" de lundi. Le rouleau-compresseur Canal Plouche, au lieu de polir le magnifique diamant qu'il avait à sa disposition, en a fait de la bouillie pour chats avec, au menu, une litanie de questions idiotes et rebattues qu'Arianne Massenet asséna sans coup férir. U2 a 33 ans. Canal Plouch a 25 ans. Tous les deux sont nés d'une même volonté de renverser la table de la bien-pensance. Bilan en 2009: le quartett dublinois rocke avec une certaine fougue dont la chaîne cryptée est bien dépourvue, lestée notamment par la fusée Arianne qui ne vole qu'à basse altitude.

lundi 23 février 2009

Joe Cocker - Many rivers to cross

Parce qu'à nous tous, chômeurs pénitents il nous faut franchir les ASSEDIC Rivers

ASSEDIC Rivers...

Rechercher un emploi fait intervenir un, deux ou trois niveaux, selon que l'on trouve un employeur rapidement ou que l'on s'enfonce dans le désert du marché de l'emploi aux sources taries.

Le premier niveau, c'est soi-même. Je me dresse sur mes petites patounettes et je vais chercher un travail, la fleur au fusil, des rêves plein les yeux, sûr de ma valeur intrinsèque, sûr donner envie aux employeurs de travailler avec moi parce que quand même... c'est moi quoi! Et moi, je suis pas n'importe qui. M'enfin, sans piston c'est mort. Donc NEXT.

Le deuxième niveau, c'est la collectivité. Je vais la voir, je lui demande de se dresser sur ses petites patounettes et de reconnaître que je vaux quelque chose et de partir, elle, la fleur au fusil pour qu'on me fasse une petite plaçounette avec un petit ordinateurounet au sein d'une équipounette dans une petite bouîtounette qui me versera un petit salairounet au SMICounet. Voilà, ça c'est la théorie. La pratique, ce sont d'adorables conseillers ANPE et Assedic, nouvellement fusionnés Conseillers Pôle-Emploi: le monstre avait deux têtes. La tête assedic (madame pépètes) ne te veut pas de mal puisqu'elle n'a pas d'argent à te donner vu que tu n'as pas gagné d'argent avant. La tête Anpe (Madame Ca-va-pas-être-possible) est plus vorace et te regarde avec des yeux qui disent que t'es pas sorti de l'auberge mon pauvre garçon, mais que son employeur à elle n'est pas prêt de mettre la clé sous la porte. Donc NEXT.

Le troisième et ultime niveau est le niveau extra-terrestre. Alors bien sûr les Marsiens ne nous aident pas à trouver un emploi. Par parenthèse je soulève ici la question du marché de l'emploi galactique. Il y a peut être des recrutements interplanétaires qui pourraient s'effectuer, ce qui ôterait un poids au monstre bicéphal du Pôle-Emploi. Non! par extra-planétaire, j'entends divin. D'où l'idée d'invoquer Saint Gaétan de Thiene qui est cléricalement reconnu comme étant le Saint Patron de Chômeurs. Alors moi je dis "Merci Patron", tu es le seul patron à ne pas salarier tes salariés. En plus on peut pas te traîner aux Prud'hommes. Alors il faut te traîner où? Devant Benoît XVI. Le prénom est joli, certes. Mais le nom... Seize... ça ne veut rien dire! Tout au plus ça nous rappelle son arrière-petit cousin, Louis, un Bourbon qui perdit la tête... Donc on ne peut décemment pas traîner Patron Gaëtan de Thiene devant un mortel, fut-il le Grand Schtroumpf. Alors il ne me reste plus qu'à traîner mon Saint-Patron devant le Très-Haut. D'où l'idée de brûler un cierge.


PS: Si quelqu'un a connaissance d'un quatrième niveau auquel je pourrais m'adresser, merci de me le faire savoir au plus vite par l'un des multiples canaux de communication que ce doux XXIe siècle met à notre disposition.