mardi 24 mai 2011

DSK sorti, Fabius se montrera courtois et cèdera sa place à Aubry. À moins qu’il ne lise cet article…

La politique est une course de chevaux

La politique n’est pas censée être une course de chevaux. C’est censé être des projets et des idées (les bonnes si possible). Mais en approuvant l’inversion du calendrier et le quinquennat, les Français ont choisi la course de chevaux tous les cinq ans. Laquelle course, dure à chaque fois presque deux ans. Évidemment, ça excite les journalistes, ça fait parler dans les chaumières et ça enflamme les cafés du commerce. Il est bien plus facile de livrer ses impressions sur tel ou tel animal politique plutôt que de débattre des modalités de réduction de la dette publique. Soit. Vox populi vox dei. L’élection présidentielle est la conquête par un homme d’un peuple (romantique). J’écris romantique ici parce que les Français sont comme les autres, en politique comme en amour, ils aiment rêver, vibrer, s’aveugler pendant une campagne électorale et croire aux lendemains qui chantent. Un an ou deux après, soûlé d’un président gesticulateur et hyper-télévisé, ils regrettent amèrement les conséquences d’un amour d’été. On tombe amoureux d’une personne, pas d’une idée.

Du coup dans ce post, il ne sera pas question d’idées, il sera question de la course de cheval.

Merde.


DSK était le poulain du PS

Je dis cette chose ici, parce qu’elle n’a pas une seule fois été dite en plus d’une semaine d’hystérie médiatique autour de l’affaire DSK. L’ancien Président du FMI était bel et bien le candidat socialiste prévu pour 2012. Ni lui, ni ses amis de Solférino, ni personne ne l’a dit et pourtant c’est une vérité qu’il faut dire pour avancer. De nombreux barons strauss-khaniens préparaient l’atterrissage de leur poulain en territoire français en vue de la primaire socialiste et de la campagne pour la présidentielle qui s’ensuivrait. (Pardonnez mes métaphores, un poulain n’atterrit pas). L’atterrissage n’a pas eu lieu puisque le poulain s’est pris les pieds dans le tapis à New York. S’il est reconnu coupable, c’est attroce. S’il est reconnu non-couplable, c’est attroce aussi (parce que le jugement qui l’innocente arrivera trop tard). Du coup, c’est attroce dans tous les cas.

Merde.


Le PS bascule dans l’après-DSK.

Entre 2007 et 2011, DSK a été le seul ténor socialiste à n’avoir pu s’exprimer sur absolument aucun sujet de politique nationale. Son statut au FMI lui interdisait. En dépit de cela (ou peut-être grâce à cela) il est progressivement apparu comme le candidat naturel du PS. C’est bien d’être un candidat naturel, ça facilite les choses. Mitterrand l’était, pour des raisons historiques, et il a fini par gagner (deux fois). Royal ne l’était pas, elle était une bulle spéculative de sondages, et elle n’a pas gagné, puis elle a explosé (en vol).

DSK était le candidat naturel. D’ailleurs, Martine Aubry, Laurent Fabius et lui avait conclu un « Pacte de Marakech » afin d’assurer la victoire du poulain. Le poulain est coincé dans un appartement new-yorkais sous vidéosurveillance en attendant son jugement. Le PS bascule dans l’après-DSK, alors même que DSK… n’a jamais été présent… et ne s’est jamais déclaré candidat. Drôle de paradoxe ! En tout cas, quelle occasion manquée...

Merde.


Parenthèse sur un parallèle d’actes manqués : 1995 et 2012

Présidentielle 1995 : À 7 sur 7, au micro d’Anne Sinclair (femme de DSK déjà à l’époque), Jacques Delors (père de Martine Aubry déjà à l’époque) annonce qu’il est trop honnête pour être le candidat socialiste. Le PS sait qu’il perd son unique occasion de gagner.

Présidentielle 2012 : DSK (mari d’Anne Sinclair) est incarcéré à New York et poursuivi pour tentative de viol. Sa femme l’y rejoint. Face à ce deuxième acte manqué, Martine Aubry (fille de Jacques Delors) déclare être prête à « prendre ses responsabilités », contrairement à son père 17 ans avant elle. La boucle est bouclée.


Après-DSK : les poulains déclarés

(Je vous les présente en crescendo)

- Manuel valls : Il s’était déclaré il y a des plombes : en juin 2009 ! Il fut le premier. Puis il avait retiré sa candidature en attendant que DSK se prononce. Après l’incarcération du poulain à New York il a évoqué l’idée de mettre entre parenthèse les primaires. Puis a appelé à laisser passer du temps: « Le temps de la décence » (sic). Sept jours après il annonce sa candidature. Conclusion : la décence dure 7 jours. (Aucune expérience ministérielle).

- Arnaud Montebourg : Il s’est déclaré depuis des plombes ; ce qui a obligé sa concubine (Audrey Pulvar) à démissionner, faisant hurler les féministes. Son conflit ouvert avec la fédération des Bouches-du-Rhône joue en sa défaveur pour l’instant. Il donne l’impression de vouloir laver le linge sale socialiste en public et apparaît comme un délateur plutôt qu’un justicier au grand coeur. Son élocution aristocratique l’empêche d’être perçu comme socialiste, ce qui est génant. (Aucune expérience ministérielle).

- Ségolène Royal : Elle s’est déclarée depuis des plombes mais ne décolle pas dans les sondages. La leçon 2007 a été tirée. Chat socialiste échaudé craint l’eau froide et les nuages de fumée --> Out !

- François Hollande : Numéro 1 des sondages qu’il dit ne pas lire tout en les commentant. Il se pose en « candidat normal ». Les français oublient qu’il est énarque et qu’il n’a pas d’expérience ministérielle. Ils retiennent le corrézien (d’adoption) et y voient un retour aux choses simples, façon Chirac, mais de gauche. Au sein de son parti qu’il a dirigé 10 ans, il est perçu comme un mec bien, un type qui a de l’humour et qui est fidèle en amitié. Pour autant certains barons moquent son manque supposé de charisme ; lorsqu’on les questionne sur l’éventualité qu’il accède à l’Élysée ils disent : « Non mais sérieusement, c’est une plaisanterie, vous n’y pensez pas ». La direction du parti ne soutient pas sa candidature et cherche à lui opposer un candidat labélisé TSH (tout sauf Hollande). La rancœur envers Hollande remonte au temps où il dirigeait le parti (… long story). Paradoxe : Rappelons que c’est l’actuelle direction a gagné le congrès de Reims (2008) grâce à une fusion de 3 motions de poids égal contre une quatrième, selon un principe TSS : Tout Sauf... Ségolène.

Merde.


Après-DSK : Quel candidat adoubé par la direction du PS ?

Après le TSS, voici venu le temps du TSH. Notons ici la misogynie de ces acronymes puisque S.Royal est appelée par son prénom, contrairement à son ex-mari. L’égalité homme-femme voudrait que l’on écrive, et ce serait plus drôle, non pas TSH, mais TSF (allô radio Londres ?)

Bref, je rappelle que la direction du PS n’a pas encore désigné son poulain. Cette direction est issue de la fusion des motions de : Aubry/Fabius + Hamon (gauche gauche) + Delanoë/Hollande (jospinistes). Martine Aubry s’est retrouvée à la tête du PS un peu par hasard, héraut du TSS tout en n’étant pas une menace pour 2012. Alors quel poulain ?

- Aubry ?

Pas une menace pour 2012… ça c’est ce que tout le monde croyait. Mais le temps a fait son œuvre. Aujourd’hui DSK est out. Et depuis 3 ans, elle a conquis une forme de respectabilité et de crédibilité au sein du parti en accomplissant la sacrosainte rénovation. Dimanche 22 mai à 13h, exactement une semaine après l’affaire du Sofitel, elle affirme face caméra au JT de France 2 (service public) qu’elle « prendra ses responsabilités ». Martine Aubry est clairement identifiée à gauche. Elle apparaît comme une personne indécise ayant une grande ambition collective, mais peu d’ambition personnelle. Rappelons que l’élection présidentielle est une course cheval, pas un match de foot (d’ailleurs, au ballon rond… 2011: année lilloise).

- Delanoë ?

Non, ce ne sera pas lui. Pourtant il a de grandes qualités : un des plus hauts taux de popularité au PS, excellent tribun, fin tacticien… Ce ne sera pas lui car il ne candidatera pas. Le maire de Paris est vexé de n’être pas devenu premier secrétaire du PS en 2008. Il s’y voyait déjà. Du coup il a jeté toutes ses forces dans Paris qu’il se plaît à administrer jusqu’en 2014 (il ne se représentera pas). Sans expérience ministérielle, il apporte à Martine Aubry un soutien fervent.

- Fabius ?

Du trio signataire du pacte de Marakech, il se place eu deuxième roue de secours. Il ira si et seulement si DSK n’y va pas (ça semble acquis) et si Martine n’y va pas (ça c’est moins sûr). Du coup il n’ira vraisemblablement pas. Et c’est dommage. On peut louer son sens du collectif et sa volonté d’éviter la foire d’empoigne, pour le bien de sa famille politique. Pourtant il a toutes les qualités pour le poste : 1. Son expérience et sa compétence en font un candidat crédible (il est un des rares socialistes à s’exprimer régulièrement dans les grands médias sur tous les sujets) ; 2. il a le charisme et la hauteur de vue lui permettant de rassembler à gauche et de créer un mouvement vers la victoire ; 3. il a l’envie. Par conséquent, il est en droit de prétendre au poste. Il y renonce. C’est un sacrifice. Il l’a encore répété ce soir sur le plateau du JT de TF1 : « ce n’est pas d’actualité »… Grrr… Bref, du coup, son lot de consolation sera probablement le ministère des Affaires étrangères en cas de victoire.

Je suis persuadé qu’il pense à l’Élysée tous les jours depuis 1984, année où il devint Premier ministre (qui est aussi mon année de naissance). Il y pense tous les jours, mais l’affaire du sang contaminé l’empêche. Aux yeux de la justice il est innocent. Mais la procédure a laissé des taces dans l’opinion. C’est regrettable, mais c’est ainsi. Il subit une condmnation morale : celle d’errer dans les limbes des sondages. Attention, les sondages ne font pas l’élection, on sait ça, les exemples regorgent ! Fabius est un homme intelligent, il sait tout ça. Pourtant, il estime que Martine est mieux placée que lui, alors il la soutient. Je ne partage pas ce jugement. Mais cela relève de l’intime conviction. Et à ceux qui me parlent d’age, je leur dirai qu’il est né 2 ans et 8 mois avant DSK… tu parles d’une affaire…


Conclusion : Veillée aux flambeaux

Aux primaires, on s’avance vers une course Hollande (hors parti) Vs. Aubry (dans le parti). Le tout parasité par les candidats annexes qui manquent de sérieux et qui ne se maintiennent que pour gagner en taux de notoriété et pour monnayer leur ralliement à l’un ou l’autre.

Depuis l’avènement de la Ve République en 1958, un seul socialiste (F.Mitterrand) a réussi à gagner une élection présidentielle (deux). Sa dernière victoire remonte à 1988 ; c’est vieux 1988, presque aussi vieux que moi... Je voudrais rappeler ici qu’en 2007 l’élection était imperdable face au numéro deux du gouvernement sortant. Et pourtant Royal était parvenu à mettre un terme à 28 ans d’alternance systématique au moment où la gauche allait bénéficier de cet effet de balancier. En 2012 c'est archi-gagnable pour la gauche : Sarkozy devra rendre compte de l’échec de dix années de politique sécuritaire (il était ministre de l’Intérieur en 2002) et de cinq années d’une Présidence bling-bling raplapla où ses paroles de refonte du capitalisme mondial n’ont fait que souffler du vent dans les focs des voiliers de ses amis milliardaires.

Le flambeau de la victoire est aux pieds des socialistes. À l’un d’entre eux de s’en saisir et de montrer le chemin (lyrisme quand tu nous tiens…) Avant de confirmer son sacrifice sur l’autel du jeu collectif, Laurent Fabius devrait lire mon blog et réfléchir encore un peu…

mardi 8 février 2011

Victoires de la musique 2010...................... VOTEZ Lilly Wood & The Prick

Hier, ils ont commencé leur concert à la Cigale par leur titre le plus aérien: "Hymn To My Invisible Friend". Progressivement, au fil de la chanson, la lumière s'est faite sur la scène dévoilant nos deux Invisible Friends qui se sont mus en Invicible Friends (titre de leur album). Ah! qu'ils semblaient heureux d'être dans cette salle mythique pour cette date qui affiche complet depuis des mois ! Parce qu'ils ont du talent, ils ont communiqué leur énergie au public qui le leur a bien rendu. Ca s'appelle l'échange et c'est beau. Sur scène ils ont joué leur (premier) album en totalité. La version studio est une réussite. La version live, plus rock, séduit tout autant, voire plus.
...
Voilà pourquoi, avant mercredi 20h00, il faut VOTER Lilly Wood & The Prick.
C'est EUX la révélation 2010.
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1° Ils créent une musique d'un genre nouveau, un genre inclassable; contrairement au réchauffé monocolore que produit le reste de la chanson française. Sans s'enfermer dans une chapelle, Lilly Wood & The Prick réussit à jongler avec les genres: folk, rock, électro, pop. Nul besoin de les ranger, ils ne souffrent pas le rangement. Chaque chanson apporte son grain de sel. Quel régal !
2° La voix de Nili vient toucher l'auditeur dans un coin de son coeur dont il ignorait l'existence. Elle suscite l'émotion, le frisson. Isn't this what music is for ?
3° Toutes les chansons sont réussies. Toutes. Absolument toutes. Celle que j'ai entendu en premier et qui est ma préférée de l'album, c'est "My Best": c'est frais, c'est fort, c'est tonique, ça bouge, ça donne envie de danser et donc de vivre.
4° Ils sont libres.
5° Ils sont un groupe: 1+1. Et ça c'est beau. C'est rare. Depuis le temps qu'on attend un groupe de cette qualité, en France...

Conclusion:
Regardez ce clip, aimez et votez ICI

mardi 11 janvier 2011

Ennuyeux "Somewhere" de Sofia Coppola

Dans Somewhere, le dernier film de Sofia Coppola, Stephen Dorff est everywhere mais il conduit le spectateur… nowhere.

Johnny Marco, superstar hollywoodienne en proie aux longs ennuis… habite une chambre d’hôtel à LA, a une Ferrari bling-bling, a momentanément la garde de sa fille, mais s’ennuie jusqu’à la fin du film où il arrête sa voiture sur l’autoroute et s’en va à pied. Une fois cette phrase écrite, je n’ai plus rien à ajouter concernant le scénario, tant celui-ci est vide. À cela s’ajoute des dialogues piteux, voire énervants de bêtises. Ce Johnny a tout du regular guy, aussi la langue anglaise apparaît dans sa connerie la plus plate. On pourrait penser qu’il nous reste les silences pour contempler l’esthétique cinématographique de Sofia Coppola. Eh bien ! même pas. Le film est visuellement pauvre ; il enchaîne les clichés nauséeux, sans créativité, caricaturaux. Les plans sont fixes, longs, inélégants... L’image ne sert aucun propos et n’a pas la profondeur minimale qui autorise un film minimaliste à dire, tout de même, une ou deux choses de temps en temps. Au final, une heure trente paraissent longues, un comble !

Les plans traînent en longueur à l’image de la première scène du film :la caméra, fixe, filme un bout de circuit où une Ferrari fait une demi-douzaine de tours, et ça dure, dure, dure… c’est interminable. On s’ennuie. Plus tard on verra en plan fixe l’intégralité d’un spectacle de strip-tease mené par deux filles amateurs dans la chambre d’hôtel d’un Johnny qui s’ennuie autant que nous. Puis on verra un autre spectale de strip tease (filles grimées en tenniswomen) au même endroit, selon le même plan, provocant une réaction moins ennuyée de Johnny, mais qui ne nous amuse pas vraiment plus. Puis on verra le même Johnny, assis dans les tribunes d’une patinoire déserte pianotant son blackberry et regardant sa fille, réaliser son programme long (très long) sur la musique de Gwen Stefani : « Cool », (pas cool). Puis il s’ennuira en jouant à la wii, en baisant des meufs, en voiture, en hélico, bref… partout et tout le temps !

Il y a trois choses à sauver dans ce film : La photo clair-obscur façon Boy-A, la petite Elle Fanning qui joue adroitement Cleo et les deux chansons de Phoenix, l’une au début, l’autre… à la fin.

En revanche l’acteur principal, Stephen Dorff, est décevant et ça… c’est ballot. On était en droit d’attendre beaucoup de ce garçon au large front, aux lèvres fines et sévères, et au physique athlétique. Il avait tout pour camper la superstar hollywoodienne qu’il est censé incarner dans le film. Tout ? Non. Il lui manque l’essentiel : le charisme, le charme, le magnétisme et pourquoi pas la grâce. Ce qui est dommage parce qu’il apparaît à chaque plan et il nous campe le même visage inexpressif de chien perdu, même lors de ses apparitions publiques auprès des journalistes... Des hommes qui s’ennuient et qui recherchent du sens, il y en a à foison dans le cinéma contemporain : Lost in translation (Bill Murray dirigé par S.Coppola), L’homme qui voulait vivre sa vie (Romain Duris dirigé par E.Lartigau) et The Barber (Billy Bob Thorton dirigé par les frères Coen), et ces trois comédiens ont un visage qui dit quelque chose,bordel.

Là on a une réalisatrice qui n’a rien à dire, et un comédien qui est incapable de le dire. Dès lors ce film sur l’ennui n’est plus qu’une mise en abîme de notre propre ennui.

Pâle récompense.