lundi 16 mars 2009

L'affaire du trou

Au risque de paraître vieux jeu, vieille école, old school, et tutti quanti , je vous livre cette confidence. Je ne mange la salade verte qu'accompagnée d'un morceau de pain. C'est comme ça. Ca éponge ou je ne sais pas. Mais je préfère. Eh puis le pain, c'est bien. Le rompre, c'est perpétuer un geste christique, le manger c'est saluer un rite ancestral, c'est soutenir le commerce de proximité, c'est encourager la France qui se lève tôt.

Or, au menu de ce soir, salade verte; c'était décidé de longue date. Les lundis soir c'est salade verte. Comme dit l'adage: "salade, jamais malade". Pour pouvoir la manger dans de bonnes conditions, il fallait donc que je prisse les devants.
Direction la boulange. Petite attente. Bien sûr on apprend qu'il n'y a plus de saison. Que la maison ne prend plus les chèques (m'enfin moi je me demande si une fois dans sa vie la maison les as pris nos putains de chèques). On apprend aussi que quand on les fait tomber, les pièces ne repoussent pas. Que dix centimes qui nous font vingt. Que la petite a grandi. Que la vieille a rapetissé. Que le temps passe. Que l'eau ça mouille et que le feu ça brûle.

Rapidement, ce fut mon tour. À croire que le temps passe vite, en effet. Je cède à mon tour aux courtoisies d'usage. Et puis nous en arrivons rapidement à la question de savoir ce qui m'a amené jusqu'ici. Cette question est fort légitime, il y a des tonnes de produits différents dans cette boutique !

La question se pose en ces termes: "Qu'est-ce qu'il lui aurait fallu?". Mieux que le tutoiement, encore plus distingué que le vouvoiement, la troisième personne du singulier. Magnifique mise à distance. Mais ce qui impressionne, c'est surtout l'usage impeccable du conditionnel passé première forme.

C'est donc à moi de répondre. Mais là, blocage total. Trou noir. Il est vrai que je ne prends pas une vulgaire baguette ou un traditionnel pain de campagne. Ca, ça aurait été trop facile. Non, je prends le truc que toutes les personnes habitant seules prennent. Comment est-ce qu'on appelle ça? Je reste un long moment muet face au regard médusé du boulanger m'observant buter sur une réponse aussi simple et prévisible. L'envie me prend de commander un produit quasi-similaire et dont je connais le nom, à savoir la demi-baguette. Je ne tombe pas dans la facilité. Avec toutes les peines du monde, je parviens à trouver un synonyme que j'hurle dans la demi seconde: "une flûte".
Livide le boulanger m'indique que l'on n'est pas à la salle Pleyel ici.
Moi: "Mince, c'est pas ça, alors...
Lui: _ Bon eh bien je vous file une ficelle, comme tous les jours
Moi: _Exactement, c'est tout à fait ça"
(et pourtant on n'est pas dans une cordonnerie).

Morale de l'histoire:
1/ J'aurais dû me contenter d'un "la même chose que d'habitude" au lieu de vouloir faire le malin.
2/ Il est toujours plus valorisant de buter sur des mots compliqués que sur des banalités. Prendre un air pénétré, et laisser un blanc de 20 secondes pour annoncer "ficelle", c'est moche.

mardi 10 mars 2009

Un neuf plus un zéro

18h00. Téléphone. Vélib. Cap sur la maison. Pédale pédale. Intersection en croix. Je prends à droite. Le feu passera au vert 1/2 seconde après que j'ai coupé la ligne d'effets des feux. Direction la casa. Pédale, pédale. Pin-pon-pin-pon. 4 policiers nationaux dans leur citroën... Je suis dans de beaux draps.

Lui: Stationez sur le trottoir.
Moi (intérieurement): Bah vas-y fais moi commettre une infraction supplémentaire, j'adore faire de gros chèques.
Lui: Bonjour.
Moi (intérieurement): Ta gueule !
Lui: Papiers du véhicule, siouplé. Heu non excusez-moi, vous êtes en deux roues.
Moi (intérieurement): Oui je suis pas en tricycles patate.
Lui: Pièce d'identité, siouplé.
Moi (intérieurement): ...
Lui: Êtes-vous conscient d'avoir commis une infraction?
Moi (intérieurement): J'ai vendu ma conscience au diable, lorsque j'ai voté Chirac en 2002.
Lui: Le feu était rouge.
Moi (intérieurement): j'ai le sentiment que cette banale histoire chromatique va me coûter cher. Rouge, vert, orange... Après tout un rouge quasi fini est un vert pâle, non?
Lui: Attendez là.

Attente, attente. Mon pauvre vélib, par dessus le marché, arrivera à destination au delà des 30 minutes réglementaires, et donc avec une pénalité de retard. Il revint. Son papier était tout griffonné. C'était mort.

Lui: Ce n'est pas parce que vous êtes en cycle qu'il faut faire n'importe quoi.
Moi (intérieurement): Cycle, cycle... j'vais t'en mettre, moi. Aux Etats-Unis on peut tourner à droite même au feu rouge banane.
Lui: Heureusement que vous n'étiez pas en voiture, sinon c'était 6 points en moins.
Moi (intérieurement): Écoute connasse, avec des "si" on met Paris en bouteille. Et en bagnole je conduis pas pareil, y'a des clignotants et des vitesses, c'est tout un autre concept.
Lui: Oui donc voilà, ça fera 90eur.
Moi (intérieurement): 13h de travail, normal.
Lui: Bien sûr, c'est le même tarif que pour une contravention auto. Alors certes vous ne risquez pas de causer de dommage à autrui, mais vous risquez de vous en causer à vous-même.
Moi (intérieurement): C'est la meilleure ça! Ils me font lâcher 10 sacs pour me protéger contre moi-même. Dans leur logique quelqu'un qui tente de se pendre et se loupe, il paye une amende de combien?

J'ai roulé rue saint Honoré, jusqu'à chez moi. Je ne sais même pas ce que je lui ai dit au final. Je ne me rappelle que mes bougonnements intérieurs.

Slumdog Millionaire



« Un film à voir, et à revoir, en famille »
Je me rappelle, ils disaient ça sur TF1 pour Ciné Dimanche, votre séance du dimanche soir.

Tout ça pour dire que Slumdog Millionnaire est un film à voir et à revoir. Je suis bien conscient d’arriver après la bataille. Les Oscars sont passés avant moi, le bouche-à-oreille aussi. Mais je n’ai réussi à voir ce film qu’à la sixième tentative, tant les salles étaient remplies. D’ailleurs, ça s’est joué à une poignée de secondes, le nombre de places restantes descendait drastiquement quand j’ai finalement atteint le Saint graal de la borne UGC.

C’est réussi de A à Z : jeu d’acteur, décors, photo, musique, montage, etc. L’essentiel reste l’histoire, elle est parfaitement racontée par d’habiles flashbacks. On rit, on pleure. C’est beau, c’est simple. Sincère et généreux. A voir et à revoir.