lundi 22 septembre 2008

J'ai voulu donner sa chance à l'été.

Par ce 21 septembre ensoleillé, dernier jour de la plus brûlante des saisons, j'ai osé une tenue d'été. Une tenue d'été en été, oui, mais l'été de septembre a mauvaise réputation. L'été de septembre est comme l'hiver de mars. C'est une zone de non droit, un no man's land. On l'appelle "demi-saison" chez les marchants en chaîne de prêt-à-porter. Demi-saison, la moitié d'une saison, le trait d'union, la clé de voûte, la charnière, l'entre-deux... Appelez le comme vous le voulez, ça ne sera jamais très gratifiant pour cet été de septembre, qui, techniquement, a le droit à autant d'égards que l'été de juillet. Juillet, roi des mois d'été. Pourquoi un roi Juillet? Parce que juillet est mois de promesses. L'on est indulgent avec juillet car l'on a l'assurance qu'il sera suivi d'août avec lequel on pourra convoler en seconde noce si le 7e mois s'avérait décevant. Mais septembre... personne n'attend plus rien de septembre. L'on a la tête basse des jours de rentrée, et nul ne cherche à profiter des derniers feu du soleil-roi. En profiter serait même se faire du mal. Ce serait ressusciter les délicieux moments de juillet où la fougue des rayons solaires s'ajoutait à la douce sensation d'être en vacances, l'horizon dégagé de ses collègues de travail. Et l'on ne veut pas se remémorer ce temps là, au moment où l'on s'apprête à entrer dans le tunnel de l'hiver duquel on ne sortira qu'en mai, pour les traditionnels ponts.

faisant fi de tout cela, j'ai vêtu shorts, T-shirts et tongs, mais j'étais seul, tout seul, bien seul. L'on ne me regardais pas de travers, non. D'aucuns dut croire que mon esprit mal placé était resté bloqué en août ou en juillet. Je voulais simplement donner sa chance à l'été. Il n'a pas tellement été à la hauteur cette année, l'été, alors je lui laissais, en ce 21 septembre, l'opportunité d'être qualifié d'indien. Mais le peuple avait abdiquer. Devant l'astre solaire, que faire? Aujourd'hui c'est l'équinoxe... Pendant 3 mois la nuit va empiéter inlassablement sur le jour. Pendant 6 mois la nuit durera plus que le jour. le peuple a la tête ailleurs. Depuis juillet les cartables de la rentrée sont achetés. Si l'on anticipé à ce point l'arrivée de septembre, ce n'est pas pour la nier quand elle est bel et bien là. Alors on ne veut pas regarder en arrière. Les plus ambitieux osent même penser à Noël. J'en connais même qui planifient leur réveillon de la Saint Sylvestre. Moi je veux donner sa chance à l'été. C'est trop facile de porter des jugements hâtifs. En cette fin d'après-midi, couché sur les quais de la Seine, je tente de me laisser bercer par la chaleur que veut bien m'envoyer cette pépite d'or qui, à 7 minutes-lumière de là, fusionne autant qu'elle peut pour me faire ce plaisir. Mais la pépite n'a pas le même éclat. Je le reconnais sans honte. Je pourrais trouver des circonstances atténuantes à cette contre performance: peut-être est-elle due à la légère brise, ou bien à ma mauvaise orientation... Mais non, je vais être franc. Ce soleil d'été n'était pas à la hauteur. Les rayons trop obliques dissipaient leur force dans l'épaisse couche d'ozone. Alors finalement ça m'a rassuré. En dépit de nos ferventes négligences, la couche d'ozone est bien là, et elle empêche le soleil de septembre de prétendre arriver à la cheville du cuisant soleil de juillet. Au moins ai-je cette satisfaction là, et l'accomplissement d'avoir laisser sa chance à l'été.


Le mot de la fin à Barbara, dans "Septembre (quel joli temps)":

Les fleurs portent déjà les couleurs de Septembre
Et l'on entend, de loin, s'annoncer les bateaux.
Beau temps pour un chagrin que ce temps couleur d'ombre.
Je reste sur le quai, mon amour. A bientôt.

Quel joli temps, mon amour, au revoir.
Quel joli soir pour jouer ces vingt ans.
Sur la fumée des cigarettes,
L'amour nous reviendra peut-être.
Peut-être un soir, au détour d'un printemps.
Ah quel joli temps, le temps de se revoir.