vendredi 31 juillet 2009

On n'y comprend plus rien ma bonne dame

Dans les années 80, c'était facile. On pouvait encore comprendre le monde. Aujourd'hui... Aujourd'hui, on ne peut plus. C'est comme ça. Voyons-voir...

DANS LES 1980s...
1° On sait où on va:
Français, dans les 80s, on appartient au bloc de l'Ouest (capitaliste/économie de marché) qui s'oppose au bloc de l'Est (communiste).
Les chefs d'État des principaux pays se font tous réélire et forment donc une joyeuse troupe aux visages connus sur toute la décennie: Reagan (le cow-boy), Thatcher (Black Mamba ou Dame de ferraille), Kohl (la grosse kartofeln), Mitterrand (le grand), et même jean-Paul II (l'oriental).

2° Médiatiquement, c'est pas le bordel. Hyperpuissance télévisuelle:
- Gros canaux traditionnels mainstream type TF1. Une émission (en direct) comme "Le Jeu de la vérité" animée par Patou Sabatier ou le "Champs Élysées" de Michou Drucker réunit 20 millions de téléspectateurs, autant dire que toute la France regarde. Y'a quelque chose de rassurant là-dedans. C'était toujours les mêmes invités, bien franchouillards. Certains faisaient rire comme personne aujourd'hui: Coluche, Desproges, les Bronzés et tous les films avec Pierre Richard dedans.
- Ouverture de nouveaux canaux
Pour l'information, c'est CNN: qui donne l'illusion que la terre n'est qu'un village global
Pour la musique c'est MTV qui donne le la: la planète danse sur les mêmes clips: Michael Jackson règne en maître

AUJOURD'HUI...
Y'a 6 893 chaînes de télévisions, y'a google actualités, y'a toutes les radios et webradios possibles et imaginables, mais y'en a pas une seule pour nous expliquer le merdier dans lequel on vit.
Alors oui, y'a facebook: la toile ! Tout le monde peut joindre tout le monde. On peut se poker, s'ajouter en ami, se taguer, c'est très amusant. Mais ça ne fait pas avancer le schmilblik. Pour peu qu'on ait l'application sur i-phone, on est informé en temps réel d'un attentat en Inde par un ami sur place et de la mort de Michael Jackson à la seconde même où sa seconde paupière se ferme.

C'est un fait, on sait tout plus vite. Mais au fond que sait-on? Où vit-on? Où va-t-on?
L'Ouest l'a emporté sur l'Est. Se sont donc totalement globalisés: Capitalisme, économie de marché, société de consommation.
Existe-t-il un projet de société alternatif? Sûrement. Est-il réalisable? Je ne sais pas. Alors on fait quoi? Des réformettes à la marge? Des Facebook flash-mobs (rassemblements éclairs organisés par internet/facebook) pour dire notre amour à feu King of Pop?

Et toi, si t'étais président, tu ferais quoi? ... coincé que tu serais entre mille contraintes inextricables:
La dette (qui interdit toute politique budgétaire)
Le réchauffement climatique (qui impose une mutation des comportements individuels et collectifs)
Les engagements européens (qui suppriment toute politique monétaire, limitent toute politique budgétaire et encadre bon nombre de domaines)
Le fort taux de chômage (insupportable)
La concurrence de la Chine et consorts (qui font pression sur les emplois et les salaires)

Alors on fait quoi?
On garde le sourire, on tend la main et on fait le bonheur autour de soi, et on continue de chercher la solution.


PS: En ces périodes troubles, j'envie les croyants qui, eux au moins, ont une bouée. Les autres font la planche. Les plus maladroits boivent la tasse.

mercredi 29 juillet 2009

Vacances à Paris

Paris est à nu. La capitale est comme un poisson sans chair, l'arrête à l'air. Les parisiens ont déserté et ceux qui sont restés, déconcertés, mènent une vie de touriste. Alors Paris devient une ville à vivre. Une ville à voir. Une ville au temps plus lent. Place après place, sur les terrasse on s'entasse, sous le soleil on se prélasse, rien ne se passe, et seules, devant nous... quelques pétasses... se déplacent! Au bureau, pas de boulot. À la machine à café, les absents prennent toute la place. Dans le métro, chaque popotin trouve un strapontin. Et ça, c'est bien. Le temps de rien. Le temps retrouvé. Le temps d'une madeleine à la Madeleine. Le temps d'un coca à Opéra. Le temps d'une noix de coco à l'apéro. Le temps et l'espace. Place à l'espace. Les coudées franches pour un pique-nique sur les quais. Une soirée de ciné sur l'herbe verte de la Vilette. Et n'oublions-pas que Paris-plage. Alors nous aussi, nous Paris-plageons. Ho, c'est pas Saint Trop. Qu'est-ce qu'il allaient s'imaginer? En tout cas, c'est toujours mieux que la gomme du pneu couinant sur le bitume en fusion. On est bien ici. Les touristes sont perdus derrière leurs cartes en 4 par 3 et jurent qu'habiter pareille conurbation confine à la folie. Alors que c'est l'inverse: n'habiter pas pareille conurbation est pure folie. M'enfin... chacun sa croix et... Paris pour tous...

mardi 28 juillet 2009

"J'AI TUÉ MA MÈRE" (4****), "Les beaux gosses" (2**): 17 ans, 13 ans... Deux films, deux douleurs, deux libertés

Un film sur les pré-ados, un film sur un ado. Des périodes de la vie où l'on grandit/mûrit très vite, à tel point que les deux n'ont rien en commun, tant sur le fond que sur la forme, à l'exception de l'humour décapant qui les traverse.

Les beaux gosses
C'est un bout de notre histoire à tous: collégien, mal dans sa peau, pas dégourdi, pas dévergondé. Très léger, le film fourmille en répliques potaches et en clins d'oeil drôlissimes sur ce que le quotidien d'un tel personnage peut bien produire. C'est simple, c'est fort, c'est efficace. Mais ça ne va pas chercher bien plus loin. Le film trouve les résonances qu'il peut en chacun de nous, et exhume des sensations oubliées. C'est déjà pas mal, et après tout, "chacun sa technique de roulage de pelle".

J'ai tué ma mère
À contrario, J'ai tué ma mère avance une réflexion et se centre sur un aspect (primordial et ultime) de la construction de soi: le lien maternel. Un film très personnel, où Xavier Dolan (19 ans), qui a écrit le scénario (à 17 ans) et co-produit le film, tient aussi la caméra et incarne le rôle principal. Je pense qu'on peut parler de petit génie. On ne blâmera pas le jeune homme de parler de lui, c'est toujours comme ça qu'un artiste commence, en réglant une première question sur un mode très autobiographique. Je pense que tout un chacun se retrouve en Hubert Minel qui navigue en pleine tornade intérieure et sans boussole. En résumé, il dit à sa mère ceci:

Je te déteste. Tous ces gestes que tu fais m'horripilent. Être confronté à toi dans cette sombre maison m'est insupportable. Rien ne va. Et pour couronner le tout tu me hais.

Mais en même temps, en réfléchissant, peut-être bien que tu m'aimes de cet indéfectible amour maternel. Et comment alors puis-je le refuser cet amour, pour m'émanciper et vivre MA vie. Ou alors, si je ne le refuse pas, comment peux-tu toi accepter de voir en moi l'adulte-en-devenir qui pense et agit indépendamment de ta volonté. Ce n'est pas ce qui se passait lorsque j'étais enfant et que j'étais tout à toi, puisque le monde extérieur se résumait à ce que, ma main dans la tienne, tu me prêtais à voir.

En tout cas, si tu mourrais, je serais orphelin. Et c'est quand même bien pire de n'avoir personne à détester ou aimer. Au moins ai-je encore le choix. Mais ai-je besoin de t'aimer pour t'aimer. Ca coule tellement de source que même en éclaboussant partout la haine sincère que je te porte, eh bien ce lien, duquel je tiens mon avènement terrestre, demeurerait: tu es ma mère, tu es l'origine de ma vie, tu n'en es pas la finalité.
Va, je ne te hais point.

"Jamais nous ne goûtons de parfaite allégresse: nos plus heureux succès sont mêlés de tristesse" Pierre Corneille, in Le Cid.

mardi 14 juillet 2009

CONCERT U2 360° Tour Stade de France - City of blinding lights

Chronique du Paradis: U2 au Stade de France le 12 juillet 2009



On a le droit de fermer les yeux. On a le droit d'oublier. On a le droit de rêver. On a le droit de ne pas tout remettre en question. On a le droit de se laisser porter par l'extraordinaire spectacle d'un groupe de rock qui s'y connaît en gigantisme.

Bien sûr ils gagnent de l'argent avec cette tournée, bien sûr faire un spectacle ça consomme de l'électricité, transporter des scènes ça consomme du gasoil, bien sûr on a respiré de l'oxygène pendant les 2h15 de concert. On a même acheté des bouteilles d'eau en plastique qu'on a mis à la poubelle après. Arghhh! C'est mal, c'est très mal. Flagellons-nous! Bien sûr Bono a défendu des causes qu'il croyait juste: Aung San Suu Kyi (prisonnière politique en Birmanie), The One Campaign (le développement en Afrique, la lutte contre le sida), un hommage à Michael Jackson aussi. Alors on peut voir le mal partout. On peut dire qu'il en fait trop, qu'il triche, que c'est de la com, machin toussa.

Mais on peut aussi parfois rester simple et penser qu'on a le droit de vivre (inspirer de l'O2 et rejeter du CO2) et que Bono est sincère dans son engagement. Ce groupe produit un spectacle grandiose, envoie son public dans de jouissives hauteurs stratosphériques et, en sus, fait passer d'importants messages de paix et d'amour. Ce n'est quand même pas une honte que d'avoir l'esprit bien tourné de temps en temps. La scène (modulable) est impressionnante et indispensable pour que la sauce U2 prenne. 95'000 personnes qui reprennent en choeur sur n'importe quel morceau, c'est ce qu'on peut appeler une réussite. Plus de deux heures durant, deux soirs de suite au Stade de France (plus Nice demain), 23 chansons, dont 7 du dernier album. Le public est aux anges et en redemande. Qui peut en dire autant?



samedi 4 juillet 2009

Chronique des enfers. Épisode 2. Hold Up télévisuel: Plus personne ne bouge !

Été 2009: Les avions tombent à la pelle (Rio; Comores), les trains déraillent (Cahors), les planeurs se crashent (Barcelonnette), les voitures s'accidentent, les piétons se font renversés, et je ne parle même pas des deux-roues...
Alors que faire?

- Rester chez soi? pour mourir d'une crise cardiaque comme Michael jackson... Non, merci. Si les stars n'en sont pas protégées (avec médecin à domicile), alors nous, pauvres anonymes, sommes encore moins à l'abris. Et puis si on mange mal, ou trop salé, ou trop sucré, ou trop de viande, ou de l'alcool, ou de l'eau du robinet... etc. etc. il paraît que c'est le cancer assuré. Et puis de toute façon chez soi on meurt d'accident domestique ou d'ennui...
- Rester chez les autres? Non, car notre Chez-les-autres est le Chez-soi des autres, alors le problème est le même.

Conclusion: Je vous conseille de rester en extérieur, avec un bouquin. Mais pas sous un arbre, afin de réduire les risques de foudroiement.