17h23.
Crise d'hypoglycémie morale. Trop de musique sucrée, trop de décors sucrés, trop de personnages sucrés... Sentant le malaise m'envahir, je prends les devant. Il me faut m'extraire de cet environnement devenu dangereux. Or tous les sentiers sont tracés. Rien n'est laissé au hasard: impossible que t'en réchappe, ce sont les frères qui rapent tout. Assis sur un rocher en plastique, les mains négligemment posées sur une bande de gazon synthétique, je réfléchis. Il me faut prendre cette pause, il doit bien y avoir un endroit calme... naturel... Que faire? "Lève-toi et marche" me dit la petite voix de Gemini Cricket. Alors je m'enfonce dans "Adventureland"... ambiance de Far Ouest. Vais-je croiser Charles Bronson au détour d'un chemin? Suspense... Tiens, Indiana Jones est là. C'est le signe ultime qui me montre le chemin. Je ne trouverai mon petit coin de paradis qu'en menant la dernière croisade, rien ne me tombera dans le bec tout cuit. Alors je relève mes manches, resserre mes lacets et me redresse, le regard au loin. Un passage existe. C'est à moi de le trouver. Derrière moi un fast food, devant moi un chemin rempli de touristes, à ma gauche une forêt de bambous, à ma droite le lac des Pirates des caraïbes... Ne souhaitant pas faire trempette tout de suite, j'opte pour la forêt. Me voilà à quatre pattes à l'orée du bois de bambou de la belle au bois dormant. Ni une ni deux, je me faufile entre les tiges si régulièrement érigées. Je m'assure que je ne suis pas suivi. Heureusement, non. Ni Mickey, ni Picsou à mes trousses. J'avance sûrement. La musique sucrée de l'ami Walt demeure. Elle baisse en intensité, mais elle ne disparaît pas complètement. Je poursuit donc ma fuite en avant. Il doit bien y avoir quelque clairière, avec des lapins qui parlent, et sept nains, et même Blanche Neige... Mais non, pas de clairière. Rien. Tige après tige, d'espoir en déception, j'ai fini par tomber sur une palissade en béton. "End of the park. No Trespassing: Violators will be shot. Survivors will be shot again". C'était pas ça, mais c'est l'impression que ça m'a donnée. Dans Jurassik Park, les dinosaures sont cloîtrés entre des barrières électriques. Dans The Truman Show, Truman Burbank bute contre un ciel artifi...ciel. J'ai vécu une expérience similaire. Me frotter aux confins du monde magique. Sûr de ce que j'avais atteint le point le plus éloigné, je m'adossai contre ce mur et ouvris un bouquin (Le ventre de Paris) pour tenter de me libérer l'esprit. Je me retrouvai donc les pieds dans le monde fantastique de Disney SA, le dos contre la verticalité glacée de la réalité, et le regard plongé dans les halles grouillantes du XIXe siècle. Perdu dans cette triple dimension, j'en atteignais presque la quatrième.
Puis le temps fut venu pour moi de rejoindre les grands chemins. Je fis machine arrière Sauf que contrairement au petit pousset, je n'ai pas semé de petits cailloux. Et contrairement à Thésée, je n'ai pas tiré de fil d'Ariane. Du coup je ne suis pas sorti par où j'étais entré. Aladin, en pleine séance photo, ne cacha pas sa surprise en me voyant sortir du bois. Jaloux peut être de n'oser faire de même.
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