mercredi 3 mars 2010

Téléphones s'enfilent !

Cette boutique ressemble à un gros cube rouge qui rime avec "elle sait faire", sauf que non, elle ne sait pas faire. On y croise des gens venus changer de téléphone, venu se plaindre de x et y choses, venus rêver devant leur futur "cellulaire". Le spectacle sidère dans sa violence morale, voici quelques saynètes observées à mes dépends alors que j'attendais mon tour.

Un vieux monsieur entre. Je dois à l'honnêteté de dire qu'il était même très vieux, du genre croulant. Nul doute qu'il allait se faire avoir le pauvre. Il voulait un téléphone usuel qui donne l'heure et permette de téléphoner. Il repartit avec un truc qui clignote dans tous les sens et qui prend des photos de 5 millions de pixels qu'il pourra relier à son non-ordinateur grâce à un fil qu'il n'a -dieu merci- pas acheté. En revanche il succomba bel et bien à la tentation de souscrire à une assurance complémentaire de 8 euros par mois au cas où il arrivât quelque chose à son joujou. Le pauvre homme n'avait pu se rassembler pour faire le calcul simple que cette cotisation coûtait en fait un bras, et même le prix d'un téléphone en quelques mois de versement... En partant, médusé face à l'engin bourré de technologie, le vieillard regarda comme il put le vendeur et lui demanda, comment en s'excusant: "Pouvez-vous m'aider à régler l'heure?". Si le pauvre type redoutait déjà d'échouer dans son entreprise de régler l'horloge, il n'était pas au bout de ses peines.

Deuxième situation une dame. Oui, une dame comme le VIIe arrondissement en produit de plus typiques. Sûre d'elle, le regard sévère, la jupe droite, le talon haut, la voix qui porte, la lunette carrée. Elle était entrée dans la boutique comme d'autres ouvrent la porte de le réfrigérateur . Elle était chez elle et tout le monde l'avait bien compris. Sur son passage hommes et objets semblait plier. Elle n'y alla pas par quatre chemins: "je voudrais m'adresser au responsable de la boutique immédiatement". Son charisme lui permit de n'avoir pas à justifier cette requête et de voir l'employé s'exécuter dans la seconde. Les clients qui s'impatientaient dans la file d'attente demeurèrent silencieux et ne purent que ruminer leur petitesse. Face au grand boss, la dame du VIIe sortit le grand jeu: mouvements de bras, haussements d'épaules, mine effarée. Quelques minutes plus tard on a vu entré dans le magasin un morveux de 17 ans qui rejoint sa mère et se posta à son côté, non sans avoir reçu une taloche. Lui faisait profil bas. La responsable avait l'air gêné également. Apparemment le petit serait venu modifier son forfait quelques jours auparavant, sans l'autorisation de sa mère. Chacun essayait de garder la face. Pathétique. La dame du VII sortit triomphante, marchant deux pas derrière son fils qui avançait tête basse.

Aucun commentaire: