lundi 15 mars 2010

Démineurs (The Hurt Locker): 6 Oscars 2010

Le spectateur suit une équipe de démineurs d'élite pendant la dernière guerre d'Iraq. Ils sont trois: le chef un peu fou, insaisissable, mais vaillant; son audace frise l'héroïsme. Il est flanqué de deux comparses: un grand gaillard, black, qui cache ses angoisses métaphysiques derrière un sacré sang-froid et un autre gars, plus chétif et craintif qui préférerait être ailleurs, loin, loin d'ici. Mais ils sont tous en Iraq, dans le bourbier d'une guerre d'occupation, urbaine, paranoïaque: comment ne pas l'être dans un conflit où il n'y a pas de "front" de bataille, mais où les insurgés sont mêlés aux civils. En qualité de démineurs, ils sont dans une position encore plus délicate, puisqu'ils doivent intervenir dans des zones pas toujours "sécurisées". Grâce à l'excellence de la mise en scène, la tension permanente hypnotise le spectateur. La réalisatrice, Kathryne Bigelow sait ne pas tomber dans le manichéisme. Ce film n'est pas une ode à la vertu des soldats US, ni un documentaire apitoyé sur le sort du peuple iraqien. On y vit le conflit de l'intérieur, on (re)découvre ce que c'est qu'une guerre et qu'il n'y en a aucune de "propre". Le film se veut aussi psychologique, sans être moralisateur. On voit la part de folie qui pousse le personnage principal à courir derrière ce frisson, cette adrénaline du moment où il désamorce des bombes qui, s'il se trompait, le transformerait en bouillie. À un moment, face à la plus grosse des bombes, et alors qu'il s'apprête à la désamorcer, il retire son équipement de protection et a cette phrase géniale:
"There's enough bang in there to blow us all to Jesus. If I'm gonna die, I want to die comfortable."
Mais ce n'est pas que cette part de folie inconsciente qui le pousse à retourner quotidiennement se mettre en danger, c'est aussi et surtout l'absence de sens de la civilisation américaine qui met en rayon des kilomètres de yaourts sur plusieurs étages, mais qui n'offre rien d'autre qu'une société de consommation. Il a pourtant femme et enfant. Est-ce assez pour donner une signification à son existence ? Pas pour tout le monde...

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