mardi 27 mai 2008

On coupe? Oui, mais on garde toute la longueur...

Mercredi. Il fait beau. On est à Paris. Tout va bien... Tout va bien? Non. Pourquoi? Oh ce n'est pas existentiel. Ce n'est pas l'essentiel. Et pourtant... Et pourtant c'est important. Ca touche à cette partie de soi que l'on a en soi et hors de soi. Ca touche à cette partie de soi qui prend racine à quelques centimètres de la conscience et de l'inconscience, parfois même de l'insouciance. Ca touche au sommet. Ca touche à ce qu'on a de plus haut... Bref, j'avais besoin d'aller chez le coiffeur.

Alors je vous vois d'ici... Oui, je vous vois d'ici. Quoi, tu vas pas nous faire un billet sur tes histoires capillaires... La terre tremble en Chine. La Birmanie ne compte plus ses morts. L'Afrique a faim. Le Groenland a chaud. Les subprimes vont mal. Jean-Pierre Foucault oriente les réponses à "Qui Veut gagner des Millions?". Oui... Oui j'aurais pu parler de tout ça. Mais à quoi bon. Méditez ce qui suit:
La mouche qui a voyagé su le Titanic ne savait pas nager et n'était ni une femme, ni un enfant (d'abord). Et pourtant elle a survécu. Pourquoi? Parce qu'elle savait voler. Alors volons dans les détails de ma vie de mouche, en quelques paragraphes, et: À la fin de l'envoi... je mouche!

Mes cheveux étaient trop longs. J'avais fini de me persuader du contraire. J'avais fini de me dire que non, que ça allait, que sous un certain angle, que dans le noir, que sous la pluie, qu'après la douche, qu'avec du gel... NON. Non, il me fallait l'accepter. Mes cheveux avaient atteint cette longueur critique au delà de laquelle on ne peut plus faire semblant. On ne peut plus lutter. Ou alors si. La situation peut perdurer, mais qui voudrait vivre en entendant une fois par demi-heure: "ton coiffeur est en prison", ou "tu veux qu'on se cotise?", ou "tu veux te faire des dreads, c'est pour ça"? Il fallait aller de l'avant, rassembler ses idées et se rendre le plus vite possible chez un coiffeur, puisque ce sont eux, dans nos civilisations occidentales post modernes à division horizontale du travail, qui sont en charge d'effectuer un transfert de masse capillaire depuis la tête des gens jusqu'à la balayette du stagiaire sous-payé qui mâche du Hollywood chewing gum 8h par jour sans RTT pause comprise.

Résumons ce qu'on a appris. Mes cheveux ont passé leur longueur critique. Je cherche un coiffeur.

Alors oui. Bien sûr il faut dire ici les arrières-pensées que nous avons tous à ce stade du récit. On ne choisit pas un coiffeur comme on choisit un liquide vaisselle. Le cheveu c'est quoi? Le cheveu, c'est la continuation de l'être, le prolongement vertical de l'âme, l'élévation de l'esprit. Alors bien sûr, d'aucuns s'offusquent... Le cheveu serait aussi une mode, un appendice de régulation thermique, un outil pour cacher les parties du visage qui nous complexent... Fi de tout ça. Le cheveu c'est le reflet de l'âme. Alors ça fait réfléchir. Que faire?

Oui que faire? Ce n'est pas naturel de chercher un coiffeur. Un coiffeur, soit on en a un qui nous satisfait et on se le garde. Soit on attend de se le faire recommander... Mais au grand jamais on ne se lance dans le grand marché du salon de coiffure. Sous aucun prétexte. Et pourtant... Et pourtant j'ai dû me lancer dans le grand marché. Pourquoi? Mais parce que MON coiffeur, il est dans un village à 700km au sud... Et que c'est maintenant qu'il faut couper. Plus le choix. Je me lance dans le grand marché du salon de coiffure... Et pas n'importe où s'il vous plaît. Je n'ose même pas continuer. Inspiration, expiration... Oui, je l'avoue, voilà, j'ai dû chercher un salon de coiffure dans le 4e arrondissement de Paris.

C'est dit.
Maudissez-moi autant que vous pouvez, vous avez raison.
Quand vous aurez fini de me maudire lisez la suite.

Le Marais accueille plus de salons de coiffure au mètre carré que la Seine reçoit de déchets un soir d'été. ils sont partout. Ils sont semblables. Y grouillent des garçons anorexiques qui gesticulent. Y raisonne à plein tube "Hung up" de Madonna. Y dorment à poing fermé sous leur permanente des mamies qui kiffent la vibes... C'est tout pareil. Allez faire le tri! M'enfin j'ai fini par trouver un salon dont je tairai le nom. Je vous épargne l'épisode de la prise de rendez-vous qui fut cocasse pour ne pas alourdir davantage (sous la clameur populaire, je ferai peut être un post scriptum).

J'ai compris que tromper mon coiffeur attitré serait une erreur au moment du lavage capillaire. Oui le lavage capillaire est à la coupe de cheveux ce que le préliminaire est à l'amour. J'étais habitué à ce que ça dure trois plombes. Et là... 2 grammes de shampooing étalés à la va-vite, trois claques sur le crane, un seau d'eau froide et ZOU, à la coupe. Belle entrée en matière... Alors la coupe. Oui c'est toujours un peu la même chose. C'est un peu la quadrature du siècle. Il y a ce que je veux. Il y a ce que le coiffeur veut. Il y a ce que mes cheveux peuvent. Et il y a ce que le coiffeur peut. Alors forcément, on n'obtient jamais ce qu'on veut, ni même ce qu'on pourrait, ni même ce que le coiffeur voudrait. On est réduit au plus petit dénominateur qui est: Ce que le coiffeur peut faire à un temps T, étant donné sa motivation du moment et sa technique de coupe. Alors, classiquement, je donnerais deux notes. Une note technique de... 4/10. Notons les 2 points perdus bêtement en 2 minutes quand il a connement fait tombé son peigne sur mes pompes. Et une note artistique de... 5/20. Bon, je n'ai pas la moyenne avec ces conneries... Heureusement il ne m'a pas assommé de réflexions personnelles sur la dernière Une de Gala, la vie sexuelle du pape ou l'engagement africain de Madonna. J'ai tout de même eu droit à un "c'est vrai qu'ils sont épais", puis, en guise de conclusion à un "on les veux plus court?". On ne voulait pas plus court, on voulait plus beau. C'était pas la lune. Mais c'était déjà trop demandé.

Alors on lui dit que tout va très bien Madame la Marquise. On n'était pas avec son coiffeur légitime, mais avec un illégitime... à quoi s'attendait-on? Alors on lâche la thune. On pousse la porte vitrée. On se demande pourquoi le gens nous regarde, ou nous regarde pas, dans les deux cas c'est suspect. Puis on se dit que ça repousse. On compte sur la myopie de ses congénères. On envisage chapeaux, bérets, casquettes, foulards. Et même perruques. On sait que ça repoussera. Et on se convainc que ça nous laisse le temps de prospecter...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

4/10=8/20
(8+5)/20=13/20
13/2=6.5
Nous obtenons donc une moyenne de 6.5/20,ou 3.25/10
C'est beau les maths...
Allez put your casquette on!

Voleur De Nuit a dit…

oui les maths, c'est beau, très beau même. mais je ne vois pas le rapport.

Unknown a dit…

MORT DE RIRE. t'es trop fort!
"Non on voulait pas plus court, on voulait plus beau!", j'adore je suis fan.....