jeudi 26 juin 2008

Cet été, lisez un Romain Gary, ou plusieurs : "La Vie devant soi", "Gros-Câlin", "L'Angoisse du roi Salomon"

"La porte était coincée. Ou c'était peut être moi. Quelque chose était absolument coincé en tout cas." Une chose est sûre, après la lecture d'un des trois ouvrages sus-cités de Romain Gary, on se sent moins coincé et même libéré de quelque chose qui nous pesait et dont on ignorait l'existence. Le style est agréable, chaque phrase déploie son humour et sa profondeur. Chacun des trois bouquins aborde avec une grande sensibilité des questions diverses et fondamentales : l'amour, la mort, le monde, la vieillesse, l'histoire, le racisme, la fraternité, la différence, l'oubli...


Dans La Vie devant soi, Romain Gary nous immerge dans les pensées du petit Momo, à peine 10 ans, pas vraiment gâté par la vie, mais à la sensibilité plus qu'attachante. Fils de pute recueilli par Mme Rosa, une très vieille juive ex-prostituée, les liens qui se tissent entre eux deux sont magnifiques. Entre rires et larmes !

"Quand elle marchait, c'était un déménagement"

"- C'est là que je viens me cacher quand j'ai peur.
- Peur de quoi, Madame Rosa ?
- C'est pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur, Momo.
Ça, j'ai jamais oublié, parce que c'est la chose la plus vraie que j'aie jamais entendue. "

" sommeil du juste... Je crois que c'est les injustes qui dorment le mieux, parce qu'ils s'en foutent, alors que les justes ne peuvent pas fermer l'oeil de la nui et se font du mauvais sang pour tout'



Dans Gros-Câlin, Romain gary glisse le lecteur dans la peau de Monsieur Cousin, modeste employé de bureau sans prétention, qui se sent bien seul dans une métropole comme Paris et qui trouve dans un python la compagnie que le monde citadin lui refuse. Remarquable ouvrage

"D'ailleurs, mon problème principal n'est pas tellement mon chez-moi mais mon chez-les-autres. La rue. (...) il y a dix millions d'usagés dans la région parisienne et on les sent bien, qui ne sont pas là, mais moi, j'ai parfois l'impression qu'ils sont cent millions qui ne sont pas là, et c'est l'angoisse, une telle quantité d'absence. J'en attrape des sueurs d'inexistence (...)"

"Je sais également qu'il existe des amours réciproques, mais je ne prétends pas au luxe. Quelqu'un à aimer, c'est de première nécessité."



Dans L'Angoisse du roi Salomon, Romain Gary nous embarque dans les réflexions de Jean, chauffeur de taxi qui se met au service d'un vieux monsieur angoissé par la mort: Salomon Rubinstein, ancien roi du prêt-a-porter. Il a 84 ans et emploie des jeunes gens pour répondre aux appels des désespérés et leur apporter du réconfort par la voix et par livraison de petites attentions.

"Je lui ai pris la main. Ce n'était pas personnel mais on ne peut pas prendre la main du monde entier."

" Quand on aime comme on respire, ils prennent tous ça pour une maladie respiratoire"

Aucun commentaire: