vendredi 26 juin 2009
Michael Jackson s'envole. Billie Jean est Orpheline. Nous aussi.
Parce qu’il était hors du commun, parce qu’il était présent dans nos vies personnelles par sa musique qui a ponctué et égayé notre existence, et parce qu’il est parti brutalement, l’annonce de sa mort constitue un événement dont chacun se souviendra longtemps (Do you remember the time ?). Comme Lady Di et les attentats du World Trade Center. Qui ne connait pas Michael Jackson ? Qui n’a pas envie de danser aux premières notes de Beat It ? N’atteignait-il pas l’universel par ses compositions ? Son moonwalk ne fascine-t-il pas la Planète entière ? N’était-il pas extra-terrestre ? Dès l’époque des Jackson Five, il danse comme un dieu, c’est inné, c’est miraculeux, il avait 8 ans, l’âge du petit Mozart qui composait ses premiers menuets. En 40 ans de carrière il atteint le firmament du firmament. Mais l’icône n’est pas éternelle. Leur mort nous rappelle qu’ils sont mortels. D’où le choc. Et l’effroi : Thriller.
Alors on va se sur-saturer de Michael Jackson pendant quelques jours. Tout y passera, dans l’ordre : la veillée funèbre télévisuelle, le visionnage de tous ses clips, l’écoute de toutes ses chansons (partout, jour et nuit : ipod, taf, voiture, maison, discothèque), l’évocation de l’artiste dans toutes les discussions, les journaux, les télés, les radios, la vie privée, la vie publique, tout ! En plus ça retombera. Mais parce que c’est une icône légendaire sublime, il reviendra vite et ne disparaîtra jamais. Ses musiques ne cesseront pas d’être diffusées partout, d’être remixées, on dansera en boîte, on l’imitera et on s’en inspirera. You rock our world and Heal the world.
Billie Jean est orpheline. Nous avec.
mardi 23 juin 2009
Drôle de drame Vs. Certains l'aiment chaud
Pour vaincre les ennemis de la médiocrité ambiante. Que faut-il? De la grâce, encore de la grâce, toujours de la grâce.
ON ÉVITERA le stupide et invérifiable "c'était mieux avant", invérifiable parce qu'on ne compare pas un souvenir à un vécu contemporain, et on compare encore moins une période morte à une période vivante. C'est comme comparer Laurie et Nina Simone, sous prétexte que les deux chantent, ça n'a pas de sens.
CELA DIT, c'était mieux avant ! En tout cas, le passé passé au crible du temps, nous offre de belles pépites.
Drôle de drame - 1937

Ca, c'est quand même quelque chose; à la toute fin, Mme Molyneux nous sort un improbable: "Il vaut mieux être riche avec une moustache, que sans moustache et sans argent". Ce même décalage se retrouve tout au long du film dans l'absurde des situations et l'entêtement des personnages. Inoubliable effrayant regard de Louis Jouvet.
Certains l'aiment chaud (Some like it hot) - 1959

Quant aux deux zigotos qui sont travestis pendant presque tout le film, ils forment un drôlissime duo comique, digne héritier de Laurel & Hardi et jeunes aïeux de... Serrault/Poiret.
Et quand Marilyn apparaît, elle crève l'écran et scotche tout le monde... On pense immédiatement... "mais c'est énorme". À tel point qu'elle nous accule au doute: Est-il possible de transcender tous les fantasmes masculins à ce point? Est-ce une hallucination?
mercredi 17 juin 2009
@ Paris: Art Moderne - Kandinsky vs. Warhol

Que ceux qui n’aiment catégoriquement pas Kandinsky n’y aillent pas. C’est du Kandinsky. De A à Z, en passant par K. On voit ses débuts, figuratifs, où les paysages ressemblent à quelque chose. Puis, progressivement dans son œuvre, il s’abstrait. Les lignes se cabrent, les couleurs se vivifient. Les premières se détachent des secondes. Le monde prend son envol à travers la vision du peintre russe. Le temps, l’espace, tout se décompose, on croit entrer dans le chaos, voyager dans l’infini. En maître de son Univers, Vassili orchestre ce bric-à-brac et parvient à une esthétique sensorielle sublime : courbes, dégradés chromatiques, croisements, cercles, irrégularités géométriques. C’est beau et c’est grand. Il prend le monde, l’embrasse, le ramasse pour qu’il entre dans son shaker, il secoue, il explose ça sur la toile et ne garde que l’essentiel. Il parvient à l’épure parfaite avec « Jaune, Rouge, Bleu ». Ses tableaux précédents tendaient vers celui-ci. Les tableaux suivants en sont des variations. Du grand art.
Pop, masses, photomaton, 1/4h de gloire, rien ne dure, d’ailleurs rien ne se crée, tout se transforme. De la couleur, des grands formats, des stars, on a envie d’y aller à cette expo. Et elle tient ses promesses. Voir défiler toutes les icônes du XXe siècle, de toutes les couleurs, dans tous les styles. La patine de Warhol féminise les hommes et sublime les femmes. Mao semble sorti d’un film d’Almodovar. Marilyn atteint le firmament du glamour. Il y a aussi les auto-portraits (mégalo) : Andy par Andy, à différents âges, de plus en plus tourmenté au fil du temps qui passe. La photo officielle de Lénine était très sombre, Warhol l'éclabousse de rouge. C'est le sang des travailleurs: ceux qui sont morts pour une belle ideé en 17, et ceux qui sont morts au Goulag par le dévoiement de cette même idée. Ce tableau c'est le portrait d'un homme, le triste destin d'un peuple, l'avortement de la plus belle idée de l'Histoire de l'Humanité.
jeudi 11 juin 2009
Européennes 2009: Une arène à moitié vide, des lions fous, César aux anges.
60% d’abstention (plus que la moyenne UE). Alors que pourtant, le vote… voilà un acte gratuit et beau, qui permet de dire qu’on préfère la démocratie à l’oppression. Si vous n’arrivez pas à faire votre choix parmi les partis, alors votez blanc, ou nul. Le vote nul, il est sympa, parce qu’on peut prendre un bulletin UMP et écrire plein de choses dessus. Parfois ça soulage. Et c’est mille fois plus respectable que de ne pas voter.
Peut-être qu’un tel niveau d’abstention veut dire qu’on s’imagine la démocratie si bien ancrée qu’on ne craint pas de la perdre en n’allant pas voter ; ce serait un acquis irréversible. N’oublions pas que par trois fois dans l’Histoire de France, des chefs d’Etat ont commencé dans la démocratie avant de glisser dans la tyrannie : Les deux Napoléon et le Maréchal.
2° Traitement médiatique : Ratage
Une campagne ?
Uniquement nationale. Personne n’a parlé des autres pays. Sauf Dany-le-rouge, qui en sera récompensé dans les urnes.
Qu’ont fait les médias ?
On cherche la petite phrase et les polémiques de personnes pour séduire l’auditoire en manque de divertissement. Chercher à rendre les Européennes aussi sexy que Les Experts à Miami, ça ne sert à rien. S'évertuer à questionner les politiques sur leur avenir national, la tambouilles des pourcentages et du "capital des voix", sans jamais évoquer le résultat des européennes en EUROPE, c'est grave !
Des débats ?
Très peu de débat.
Y’a bien eu la foire d’empoigne chez Chabot (le 5 juin) : 11% de part d’audience, 2.4 millions de téléspectateurs. Cette pauvre Arlette n’a rien pu faire face à ces renards et lions sortis de leur cage, éblouis par la lumière télévisuelle, grisés par l’enjeu, aveuglés par leur ego. Un système de double table visait à créer des confrontations (Dany Vs. Bayrou d'un côté; Réformistes Vs. Radicaux de l'autre). France2 a voulu titiller les fauves pour faire du spectacle et se plaint désormais de l'ampleur des dégâts: arroseur-arrosé.
Pour info, sur les 8 invités, seuls 4 étaient effectivement candidats aux Européennes.
Sur les 8 fauves, seuls Besancenot, Aubry et Cohn-Bendit ont parlé politique, les autres étaient juste de furieux énervés cyniques, méchants et irrespectueux, voire menteurs (Cf. X. Bertrand qui excelle dans le mensonge par omission notamment). Il y aurait tellement à dire sur le comportement de chacun que, par souci de concision, je tairai tout.
3° Bilan : Feu vert pour Dany-Le-Rouge
La gauche = 44.86%
- Extrême : 6.1%
- Réformiste (Front de gauche + PS + Verts) : 38.76%
Le centre = 8.4%
- Modem : 8.4%
La droite = 40.61%
- Réformiste (UMP + Dupont Aignan) : 29.57%
- Extrême (FN + Villiers/Chasseurs + K.Lang) : 11.04%
A gauche : Le PS est 0.2 pts devant les Verts. Du même coup, Benoît Hamon n’est pas réélu.
Au centre : Ce qui est peu pour un parti aussi européiste. Il paye la campagne nationale et personnelle de Bayrou (non candidat) contre Sarko. Il paye peut-être aussi son attaque personnelle et calomnieuse à l’encontre de Cohn-Bendit lors de l’émission de Chabot. Enfin « il paye »… Les Modem non-élus, payent pour lui.
A droite : L’UMP rassemblant toutes les droites, il apparait comme largement en tête des partis politiques : ça s’appelle la théorie des apparences.
4° Conclusion
La gauche est devant (mais personne ne le dit).
La gauche réformiste est devant la droite réformiste.
La gauche n’a pas de grand parti locomotive, ni de leader charismatique pour rassembler tout le monde.
Nos députés européens, dont personne n’a retenu le nom, retournent pour 5 ans dans l’oubli et pourront travailler (ou pas) dans l’ombre.
Aucune conclusion définitive n’est à tirer sur l’état des forces politiques en France, vu le fort taux d’abstention et le caractère européen du scrutin: Bayrou n'est pas fini, Les Verts n'ont pas autant d'électeurs que le PS, etc. etc. Cela dit...
Les gagnants:
Le BON (Dany bien sûr)
Les BRUTES (anti-européens, anti-démocrates: ex. Villiers)
Et le TRUAND (César-Sarko).
mercredi 10 juin 2009
Barbara, dis, quand reviendras-tu?

Barbara aurait eu 79 ans aujourd’hui. Juliette Greco, 82 ans, survivante du Saint-Germain-des-prés des fifties-sixties, se produit encore sur scène. Alors je me dis que c’est dommage. Pas dommage que la Greco chante encore*, mais dommage que Barbara ne chante plus, ou tout le moins, n’écrive plus. On me dira : « Oui, mais il y en a d’autres… » Certes, d’autres écrivent et chantent, mais qui le fait avec autant de grâce ? Des textes profonds sur des musiques légères, des chansons tristes, des chansons gaies, en tous les cas des chansons qu’elle ne chante que pour nous, comme si elle nous avait trouvé le plus court chemin entre l’oreille et le cœur. Quand d’autres s’enfument derrière leurs paroles, multipliant les phrases, nous en proposant beaucoup trop pour que quelques-unes tombent juste, elle reste légère et vient en trottinant nous révéler à nous-mêmes.
Brel, Brassens, Barbara, tous les trois écrivent leurs textes, tous les trois se font connaître à la trentaine dans des cabarets parisiens de l’après-guerre et tous les trois meurent plus tôt que la normale.
Conclusions :
1° Les télé-crochets sélectionnent des candidats trop jeunes, et souvent trop cons, ce qui est gênant.
2° Nous vivons un post-modernisme où la crise économique se mêle à un apocalyptique environnementalisme-post-industriel. En résumé, notre horizon est bas, innocence et espérance relèvent de la prouesse. Comment jouer dans un piano bar et chanter la vie comme elle va dans un tel contexte ? Un horizon bas, pour les vieux, c’est pas grave, ça reflète leur intérieur, d’ailleurs eux-mêmes deviennent de plus en plus bas. Mais pour les jeunes, c’est mortel. Alors, à la foule sentimentale que nous sommes, il ne reste plus qu’à écouter Alain Souchon en ne mettant pas la musique trop forte pour ne pas consommer trop d’électricité : faut faire gaffe à la Planète les mecs !
* Mais oui, dommage qu’elle prenne position pour la loi Hadopi. Comment être aussi frileux ? Peut-être l’âge justement.
mercredi 3 juin 2009
Ce matin: Partie de Tétris métropolitain

Tétris a 25 ans. J’ai 25 ans. Je prends le métropolitain parisien depuis 7 ans. Et ce matin pour la première fois de ma vie j’ai participé à un Tétris géant dans le métro.
Le principe est simple : incident sur la ligne, attente, attente... agglutinement des usagers sur le quai… attente… arrivée du métro, les rames sont bourrées. Arrêt. Ouverture des portes. Quelques personnes descendent, le triple tente de monter. Et c’est à cet instant précis qu’intervient le jeu Tétris grandeur nature. Le but étant de faire des lignes et de parvenir à s’accrocher à un point d’ancrage. La plasticité du corps de chacun permet, contrairement au jeu vidéo, d’arrondir les angles. Moi qui suis un grand « I », je peux me tordre un peu pour former un presque « L ». Et donc, gentiment, tous autant que nous y fûmes, nous nous emboîtâmes jusqu’à former un bloc bien compact. En milieu de train, où je me trouvais, nous fûmes les meilleurs, rien ne dépassait. Si bien qu’un grand nombre d’entre nous pouvait tenir dans ce petit espace. C’était prévu pour 10, on était une bonne vingtaine de sardines là dedans.
Le problème ce sont les secousses dans les virages, et je ne parle même pas du freinage d’urgence qui a projeté le poitrail de mon voisin dans la poitrine de ma voisine. Personne ne s’en est ému. Finalement ça punit les moins doués. En effet les meilleurs d’entre nous étaient parfaitement collés à leurs voisin-e-s et n’avaient pas d’espace de projection de part et d’autre. Donc aucun risque de collision : tout se tient, on partage tout, y compris les odeurs (vive l’été !). Ce qui est amusant, c’est que chaque arrêt à une station constitue une nouvelle occasion de tout recommencer, on laisse passer ceux qui sortent, on change de position, puis le reflux arrive et il faut s’imbriquer à nouveau parmi cette foule inconnue qui mêle touristes et travailleurs, sacs à dos et sacoches noires… et sacs à mains, autant de traîtres accessoires monopixels qui ralentissent le jeu et font trébucher les plus étourdis.
Chatelet : tout le monde sort, tout le monde rentre. On commence à regretter de participer à cette partie. On regarde avec envie les 8 chanceux (deux fois quatre) qui ont pu s’asseoir. Aucun n’est invalide de guerre, aucun n’est enceint, pas même d’invalide civil. Comment ont-ils fait ces usagers qui s’octroient le droit de refuser le Tétris RATP ? Probablement des embarqués de la première station. Ils ont un avantage et ils y tiennent. Aucun d’eux ne laisse sa place à un aîné qui est à la peine au Tétris. Un « Chacun sa merde » est prononcé pour toute réponse. Le privilège de l’âge cède sa place devant le privilège du premier arrivé. Terminus tout le monde descend. Game Over.
PS: "Il faudrait essayer d'être heureux, ne serait-ce que pour donner l'exemple" Jacques Prévert.
mardi 2 juin 2009
Arène, gladiateurs et aquaplanning ! (C'est pire qu'Intervilles)
Ce soir, les JT ont montré des images poignantes des familles des victimes à Roissy, aéroport de destination. Le vol était encore inscrit comme "arrivant avec retard". Les visages étaient décomposés. Leur a-t-on demandé s'ils donnaient leur accord pour entrer, via la lucarne, dans le salon de la France entière... pas sûr. A quelles fins ces images-choc? Toujours la même chose, depuis que les romains vont applaudir les gladiateurs. Voir la souffrance de près. S'apitoyer. Et se sentir bien vivant. Se sentir une communauté, unie par une catastrophe (lien social!). On regrettera que la catastrophe écologique a venir ne produise pas les mêmes effets. C'est qu'on n'a pas encore d'images choc et que c'est du prospectif.
Mais pourquoi, Grand Dieu, pourquoi est-ce qu'on n'a toujours pas compris qu'une vie humaine est une vie humaine, qu'elle soit philippine ou française. Alors on procède au décompte des passagers du malheureux vol. Il y avait une majorité de Français. La nouvelle est donc d'autant plus triste. C'eût été uniquement des brésiliens, pas d'ouverture de JT. Juste bons à danser avec une plume dans le cul pour le Carnaval de Rio et à se faire refaire les seins pour leur anniversaire. Que c'est rassurant de rester dans ce qu'on connaît, petite fenêtre atrophiée; un monde immuable, codé: l'Afrique a faim et n'est pas encore entrée dans l'histoire, les brésiliens ont des seins refaits, les canadiens ont froid et ont un accent qui craint, les arabes sont des kamikazes et les noirs sont suspects, quant au Moyen-Orient... ralala quand est-ce qu'ils arrêtent leur guerre là... on dirait qu'ils aiment ça, les chinois ils sont petits et travaillent tout le temps, et les japonais... etc. etc., et les francs-maçons... ils tiennent la France, non? (A chaque semestre, tous les hebdos les plus sérieux en font une Une. Théories du complot, toussa toussa. Hitler savait s'en inspirer aussi).
Puis les reportages s'enchaînent. Rapidement on tombe sur des hommes politiques qui sortent leur plus belle tête d'enterrement. Dixit Bussereau (le sieur est ministre): "Prions".
On paye une redevance et il ne nous est même pas fourni la bassine qui va avec. On va quand même pas se vomir sur les chaussures...