jeudi 2 avril 2009

Les Noces Rebelles

(Titre original: Revolutionary Road)


MAGIQUES dans l’historique et tragique Titanic, les deux Romantiques sont pour toujours les amants mythiques de l’Atlantique.
Belle-Kate et Beau-Léo… ça coule de source. C’est beau comme le rire d’un enfant sous le vent.
Les amants en croisière s’amusent.
Amour bercé par l’océan.
Amour parfait parce que pureté immaculée, comme ce diamant… «Cœur de l’Océan»

Mais finalement, cette grande épopée n’est-elle pas que la partie émergée de l’iceberg ?

Les Noces rebelles est une plongée en eau trouble. Il s'agit plus de faire mumuse sur un paquebot en écoutant du Céline Dion cheveux au vent à toute baltringue sur la proue. Non, là il s'agit de vivre. On entre dans le quotidien. Mortel?
Belle-Kate retrouve pour la première fois son amoureux depuis que Beau-Léo a piqué du nez par -15°. Et Kate est belle, oui. Belle et rebelle. Ce qui est toujours mieux que moche et remoche, tout le monde en conviendra. Mais Beau-Léo, lui, il n’est pas si rebelle que ça.

Explications.
Ils sont en couple tous les deux. C’est l’après-guerre. Ils sont jeunes. Ils ont le pavillon dans la banlieue pavillonnaire. Ils ont deux beaux enfants que Kate élève pendant que Léo est au bureau. Et alors ? C’est ça le bonheur ? Recevoir les voisins de temps en temps, sortir dans le seul bar du coin ?
Kate rêve de Paris. Léo finit par s'en convaincre. Ils veulent vivre. Bien sûr ça comporte risque, danger, incertitude. Mais quelle aventure! Traverser l’Atlantique, en bateau, mais dans l’autre sens cette fois.
Kate enceinte d’un troisième, une promotion proposée à Léo, la société tout entière qui désapprouve le choix des deux tourtereaux. On peut toujours trouver mille raisons pour ne rien entreprendre.

Il est où le bonheur ? Cette vie que propose le rêve américain n’est-elle pas que « hopeless emptiness », à la fois néant et sans-espoir ? Dans cette banlieue tranquille, océan de conformisme où se s'est abîmé le jeune couple, seul l'idiot du village voit clair :
« Plenty of people are on to the emptiness. But it takes real guts to see the hopelessness ».

Film sombre, aride, antithèse de Titanic finalement.
Titanic II, les amants de l’Atlantique plongés dans le quotidien de l’American way of life.


Concluons en 4 temps :
Le Premier temps c’est Carpe Diem (parce que ça ne mange pas de pain)
Pierre de Ronsart : « Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie »
Le second c’est Gide dans Les Faux-monnayeurs :
« Dans un instant, j’irai vers mon destin.
Quel beau mot : L’aventure ! Ce qui doit advenir. Tout le surprenant qui m’attend. »
Le troisième c’est George Burns, qui, lui, a trop attendu :
« Je suis à cet âge où le simple fait d’arriver à mettre un cigare dans un fume-cigare est une aventure excitante »
Alors le quatrième temps s’impose, avec René Char dans Rougeur des Matinaux :
« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder ils s’habitueront. »

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