mercredi 3 juin 2009

Ce matin: Partie de Tétris métropolitain


Tétris a 25 ans. J’ai 25 ans. Je prends le métropolitain parisien depuis 7 ans. Et ce matin pour la première fois de ma vie j’ai participé à un Tétris géant dans le métro.
Le principe est simple : incident sur la ligne, attente, attente... agglutinement des usagers sur le quai… attente… arrivée du métro, les rames sont bourrées. Arrêt. Ouverture des portes. Quelques personnes descendent, le triple tente de monter. Et c’est à cet instant précis qu’intervient le jeu Tétris grandeur nature. Le but étant de faire des lignes et de parvenir à s’accrocher à un point d’ancrage. La plasticité du corps de chacun permet, contrairement au jeu vidéo, d’arrondir les angles. Moi qui suis un grand « I », je peux me tordre un peu pour former un presque « L ». Et donc, gentiment, tous autant que nous y fûmes, nous nous emboîtâmes jusqu’à former un bloc bien compact. En milieu de train, où je me trouvais, nous fûmes les meilleurs, rien ne dépassait. Si bien qu’un grand nombre d’entre nous pouvait tenir dans ce petit espace. C’était prévu pour 10, on était une bonne vingtaine de sardines là dedans.
Le problème ce sont les secousses dans les virages, et je ne parle même pas du freinage d’urgence qui a projeté le poitrail de mon voisin dans la poitrine de ma voisine. Personne ne s’en est ému. Finalement ça punit les moins doués. En effet les meilleurs d’entre nous étaient parfaitement collés à leurs voisin-e-s et n’avaient pas d’espace de projection de part et d’autre. Donc aucun risque de collision : tout se tient, on partage tout, y compris les odeurs (vive l’été !). Ce qui est amusant, c’est que chaque arrêt à une station constitue une nouvelle occasion de tout recommencer, on laisse passer ceux qui sortent, on change de position, puis le reflux arrive et il faut s’imbriquer à nouveau parmi cette foule inconnue qui mêle touristes et travailleurs, sacs à dos et sacoches noires… et sacs à mains, autant de traîtres accessoires monopixels qui ralentissent le jeu et font trébucher les plus étourdis.
Chatelet : tout le monde sort, tout le monde rentre. On commence à regretter de participer à cette partie. On regarde avec envie les 8 chanceux (deux fois quatre) qui ont pu s’asseoir. Aucun n’est invalide de guerre, aucun n’est enceint, pas même d’invalide civil. Comment ont-ils fait ces usagers qui s’octroient le droit de refuser le Tétris RATP ? Probablement des embarqués de la première station. Ils ont un avantage et ils y tiennent. Aucun d’eux ne laisse sa place à un aîné qui est à la peine au Tétris. Un « Chacun sa merde » est prononcé pour toute réponse. Le privilège de l’âge cède sa place devant le privilège du premier arrivé. Terminus tout le monde descend. Game Over.

PS: "Il faudrait essayer d'être heureux, ne serait-ce que pour donner l'exemple" Jacques Prévert.

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