lundi 26 janvier 2009

Entre chien et loup, tous les chats son gris...

C'est bien connu, à 6h du matin les couche-tôt croisent les couche-tard. Les travailleurs croisent les oisifs. Les laborieux croisent les paresseux. Mais on est en droit de se demander qui est le plus à envier. Quel est le plus grand sacrifice? Ne pas voir la lumière du soleil, ou ne pas voir la lumière des boules à facettes?

Au contraire de la vie nocturne, la vie diurne a un goût de déjà-vu, quelque chose d'attendu. La nuit consacre l'éphémère, l'hédonisme à tout prix, l'amusement, le rire, le plaisir, la fête, l'oubli. Tout se mélange comme les boissons dans le shaker. Chacun glisse doucement dans l'autre réalité, en utilisant les moyens qu'il peut, légaux ou non. Il semble que d'autres lois régissent la vie de nuit. Tout est permis avec le portefeuille ouvert. Comme l'aveugle qui tâtonne avec sa canne blanche, durant sa blanche nuit à lui, le noctambule avance la mastercard à la main, passe-partout universel. Avec la CB pour guide, les portes s'ouvrent, les bouchons sautent, les amis affluent, les effluves refluent, les lumières pleuvent et la musique inonde le tout. Le jeu de la séduction peut commencer. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. C'est ce que vendent les lieux de la nuits: bars, boîtes, bar-boîtes, clubs privés... La réputation de l'endroit tient à la qualité des brochettes de viandes qui s'y rendent. Un vivier de qualité justifiera des prix élevés et une sélection avouée par le portier. Alors une fois à l'intérieur, autant rentabiliser. Hédonisme, oubli, amusements... Les fourmis diurnes dorment à poing fermé quand les cigales nocturnes papillonnent autour de la boule à facettes, miroir aux alouettes... pirouettes, cacahuètes...

Ca bouge beaucoup, ça remue même, ça brasse de l'air. Mais à l'aube on n'a pas avancé d'un pouce. On n'a rien construit, trop occupé qu'on était à gesticuler. On ne voit rien, on n'entend rien ... Pupilles et tympans humains ne sont pas fait pour ça, alors il ne fallait pas s'attendre à autre chose. Dans un ensemble sur-saturé, on pourra remuer autant qu'on voudra, rien n'en sortira. Des amitiés nocturnes, des amourettes de boule à facettes, des projets, des sourires et discussions de fumoir dans le noir, il ne restera rien au matin. Non, rien de rien. On ne regrette rien. Et s'il en restait quelques chose, infime bribe, on voudrait l'oublier.

Alors certains sous la boule à facettes joue les doubles-facettes. Doubles-faces façon Batman bien sûr, façon scotch aussi pour les plus collants. Ils tentent de devenir autre, à l'aise, détendu, amuseur désinhibé, grand prince reconnu. Vaine tentative qui achève sa nausée aux toilettes et dans le taxi. Non pas sur les sièges en cuir monsieur.

Voilà on est arrivé, 40 euros s'il vous plaît.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

desenchante au possible, un peu cynique meme, mais j aime beaucoup le style...