mardi 20 janvier 2009

La journée vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais

Bon, avant que ce blog ne vire à une collection décérébrée de musiques électronisées, j'improvise un petit billet.

Finalement la nuit c'est comme un désert, chacun la traverse à son rythme et en a une expérience différente. Je ne parle pas là de la soirée. Enfin des heures qui précèdent le changement de date. Je parle bien des heures du lendemain qu'on vit dans la journée précédente. Les heures courtes pourrait-on dire. Les une heure, les deux heures, et plus si affinité. Combien de fois ai-je entendu que, tant qu'on n'a pas dormi, on n'est pas vraiment demain. Mais alors si on ne dort pas... Que se passe-t-il? On perd une journée. On reste coincé dans les portes du temps? C'est presque aussi flippant que les changements d'heure officielle décrétés par l'Etat. Quand on y pense quand même... J'attends la loi qui imposera de ne compter que 23h dans une journée. On se décalerait progressivement, pour se recaler par la suite. Le tout sans perdre tellement d'heure de sommeil. Et tiens, pour gagner du sommeil on pourrait tout aussi bien imposer 25h dans la journée. Gagnant-gagnant comme dirait l'autre.

Pour en revenir au désert... Moi j'aimerais bien revenir au dessert, mais bon c'est pas possible. D'ailleurs une journée c'est un peu comme un repas. Un début, un milieu, une fin. Certains raffolent du dessert. Alors pour pouvoir en profiter le plus possible, ils ne goûtent guère aux premiers plats. La majeure partie de nos concitoyens traversent le désert endormi sur le chameau. Ils savent que s'ils ne veulent pas avaler leur salade de travers demain matin, c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Alors forcément à dos de chameau ça passe vite!
Mais d'autres choisissent de marcher un peu, seul ou en groupe, avec un gourde ou pas, avec plusieurs gourdes... Et en général dans les gourdes il n'y a pas que de l'eau. Alors on se ravitaille dans des oasis. Certains y passent même la nuit. D'autres vont d'oasis en oasis. Pour goûter à tout.
Il y a ceux qui accumulent pour oublier que de l'autre côté y'a demain et que oui on est déjà demain, mais que comme on est demain sans que les autres, ceux qui sont en chameau, n'aient réalisé qu'on était demain... eh bien on oublie et on ne sait plus très bien quand on est. Parfois on ne sait même plus très bien où l'on est. Tous plus gris les uns que les autres les chats la nuit. Et les oasis? Finalement toujours la même illusion. Un élixir magique pour rapprocher les coeurs et les corps et oublier le peu d'estime de soi qui nous retiendrait de nous avancer. Du son trop fort pour ne pas tout entendre des propos qui manquent de sens en ces heures courtes. Des lumières, des stroboscopes, de la fumée, de la mousse pour ne pas voir les visages décomposés par la chaleur du désert, la fatigue de la traversée et les effets de l'élixir...
Toujours la même histoire. Toujours la recommencer. Les enfants connaissent la fin des contes qu'on leur dis tous les soirs. Et pourtant ils veulent la même histoire. Alors même si ça te termine mal, on a espoir au coeur du désert que l'aube du lendemain sera plus claire que le crépuscule de la veille. Tenter, tenter et retenter sa chance. Refuser de finir la journée avec la même force qui tient nos yeux ouvert quand la faucheuse approche à grands pas. Encore une minute monsieur le bourreau. C'est que j'ai encore des choses à faire ici-bas!

Le jour se lève. Les gens d'hier croisent les gens d'aujourd'hui. Aux croisements de regards, une faille intertemporelle s'ouvre. Béante. Évidente. Ceux qui se sont arrêtés dans les oasis n'ont pu retenir la nuit plus que quelques heures. Les autres sur leur chameaux ont traversé à toute vitesse. Pas forcément plus pressés de retenter le coup, mais certains de l'issue. Le jour finira par tomber et ils ne tomberont pas bien loin. Quant aux autres, ils ont fini par admettre l'évidence. Loin des tropicaux bananiers, palmiers et cocotiers qui peuplent leurs haltes. Le jour s'est levé.

Adieu.

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