mardi 8 février 2011
Victoires de la musique 2010...................... VOTEZ Lilly Wood & The Prick
mardi 11 janvier 2011
Ennuyeux "Somewhere" de Sofia Coppola

Johnny Marco, superstar hollywoodienne en proie aux longs ennuis… habite une chambre d’hôtel à LA, a une Ferrari bling-bling, a momentanément la garde de sa fille, mais s’ennuie jusqu’à la fin du film où il arrête sa voiture sur l’autoroute et s’en va à pied. Une fois cette phrase écrite, je n’ai plus rien à ajouter concernant le scénario, tant celui-ci est vide. À cela s’ajoute des dialogues piteux, voire énervants de bêtises. Ce Johnny a tout du regular guy, aussi la langue anglaise apparaît dans sa connerie la plus plate. On pourrait penser qu’il nous reste les silences pour contempler l’esthétique cinématographique de Sofia Coppola. Eh bien ! même pas. Le film est visuellement pauvre ; il enchaîne les clichés nauséeux, sans créativité, caricaturaux. Les plans sont fixes, longs, inélégants... L’image ne sert aucun propos et n’a pas la profondeur minimale qui autorise un film minimaliste à dire, tout de même, une ou deux choses de temps en temps. Au final, une heure trente paraissent longues, un comble !
Les plans traînent en longueur à l’image de la première scène du film :la caméra, fixe, filme un bout de circuit où une Ferrari fait une demi-douzaine de tours, et ça dure, dure, dure… c’est interminable. On s’ennuie. Plus tard on verra en plan fixe l’intégralité d’un spectacle de strip-tease mené par deux filles amateurs dans la chambre d’hôtel d’un Johnny qui s’ennuie autant que nous. Puis on verra un autre spectale de strip tease (filles grimées en tenniswomen) au même endroit, selon le même plan, provocant une réaction moins ennuyée de Johnny, mais qui ne nous amuse pas vraiment plus. Puis on verra le même Johnny, assis dans les tribunes d’une patinoire déserte pianotant son blackberry et regardant sa fille, réaliser son programme long (très long) sur la musique de Gwen Stefani : « Cool », (pas cool). Puis il s’ennuira en jouant à la wii, en baisant des meufs, en voiture, en hélico, bref… partout et tout le temps !
Il y a trois choses à sauver dans ce film : La photo clair-obscur façon Boy-A, la petite Elle Fanning qui joue adroitement Cleo et les deux chansons de Phoenix, l’une au début, l’autre… à la fin.
En revanche l’acteur principal, Stephen Dorff, est décevant et ça… c’est ballot. On était en droit d’attendre beaucoup de ce garçon au large front, aux lèvres fines et sévères, et au physique athlétique. Il avait tout pour camper la superstar hollywoodienne qu’il est censé incarner dans le film. Tout ? Non. Il lui manque l’essentiel : le charisme, le charme, le magnétisme et pourquoi pas la grâce. Ce qui est dommage parce qu’il apparaît à chaque plan et il nous campe le même visage inexpressif de chien perdu, même lors de ses apparitions publiques auprès des journalistes... Des hommes qui s’ennuient et qui recherchent du sens, il y en a à foison dans le cinéma contemporain : Lost in translation (Bill Murray dirigé par S.Coppola), L’homme qui voulait vivre sa vie (Romain Duris dirigé par E.Lartigau) et The Barber (Billy Bob Thorton dirigé par les frères Coen), et ces trois comédiens ont un visage qui dit quelque chose,bordel.
Là on a une réalisatrice qui n’a rien à dire, et un comédien qui est incapable de le dire. Dès lors ce film sur l’ennui n’est plus qu’une mise en abîme de notre propre ennui.
Pâle récompense.
mardi 5 octobre 2010
Yves Saint Laurent – Pierre Bergé , L’Amour fou

C’est marrant quand j’y pense, parce qu’en allant au cinéma voir ce documentaire, j’ai dû emprunter la rue Berger. Du nom d’un sombre préfet de Seine de la IIe République et non pas en référence à Michel Berger. Bref, tout ça pour dire que dans ce documentaire c’est de Pierre Bergé qu’il est question, de son union avec YSL. Enfin c’est ce que laissait entendre le titre qui avait retenu mon attention et titillé ma curiosité : « L’Amour fou ». Or le film est peu éclairant à cet égard. C’est ce qui m’a posé problème. Si le film choisit de ne pas privilégier le travail d’YSL, alors qu’au moins il explore en profondeur sa liaison avec P.Bergé et toutes ses conséquences… Las.
Le film s’ouvre sur l’émouvant discours d’YSL lors de sa conférence de presse d’adieu au métier de grand couturier qu’il exerça 45 ans avec génie. Déjà malade, on le voit lire un texte très beau, expliquant son choix devant un parterre de journalistes frémissants et d’appareils photos hurlant. Derrière ses épaisses lunettes, il garde la tête baissée sur ses notes qu’il dit avec émotion. Quelques secondes avant la fin de son intervention il se redresse et, à la lumière des flashs, son regard transperce la caméra. À cet instant, l’on comprend tout. La timidité maladive. L’extrême humilité. La mélancholie. La solitude. Et le génie artistique : YSL compte parmi ceux qui on le mieux compris leur époque, tout en étant incapable de s’y sentir bien. Ça veut bien dire quelque chose ça. En 2002, il décide d’arrêter parce que la mode a changé, et il ne s’y reconnais plus. C’est ce qu’on appelle être entier. À ce sujet, ce que dit Bergé est intéressant ; il cite O.Wilde : « Avant Turner, il n’ avait pas de brouillard à Londres », pour dire que les artistes voient avec clairvoyance ce qui reste invisible à nos yeux. D’où leur solitude. Aussi, YSL dit de lui-même en riant qu’il est né avec une dépression. De toute façon je crois qu’il était maniaco-dépressif, alors il n’avait pas bien tort en disant cela. Et cette extrême timidité… que c’est touchant. On le voit donner une interview à 21 ans, alors qu’il a réalisé son premier défilé pour la maison Christian Dior dont il reprit les rennes après la mort de son maître. Le journaliste lui demande s’il est content de cette création, il répond oui. Puis le journaliste lui demande combien de personnes sont chargées de dessiner les modèles présentés. Il répond « une seule » en baissant les yeux puis garde le silence. Et le journaliste de conclure : « et c’est vous ». Il regrettera plus tard de n’avoir pas eu l’insouciance de ses 20 ans, d’avoir eu trop de responsabilité trop tôt. C’est la rançon de la gloire… se voir confier à 21 ans la succession de la maison Dior, qui était la plus renommée à l’époque…
Le film se fonde quasi exclusivement sur le témoignage de P.Bergé qui accorde une large importance aux lieux, aux objets, etc. Du coup à aucun moment il n’éclaire le titre « L’Amour fou »… On a les détails de leur collection. On a les maisons de vacances. Mais on ne sait pas pourquoi ils se sont plu l’un l’autre, ni pourquoi ça a duré… Ou alors quelques bribes éparses. D’ailleurs, on trouve très peu de vidéos où apparait YSL. Il y a beaucoup de photos en revanche, mais ce n’est pas encore assez. Pour ce qui est du détail de leur maison au Maroc, on est servi… Le tout dans une image dont la qualité n’est pas excellente : entre la caméra DV et la caméra professionnelle. Dans les scènes d’intérieur avec peu de lumière, c’est pas joli. Par ailleurs le réalisateur aurait pu se passer des gros plans lorsqu’il filme P.Bergé dans son canapé : on est au cinéma que diable !
Mais qu’importe, pour ceux qui aiment YSL, ça vaut le coup. Ne serait-ce que pour cette scène où, alors qu’il a la trentaine, il répond à un questionnaire de Proust. Hilarre, à la question de savoir comment se composait pour lui le bonheur terrestre il répond : « Dans un lit… » (silence) « … bien rempli ». C’est un des seuls moment où l’on perce un tantinet le personnage. P.Bergé dit qu’YSL ne connaissait que deux moments de joie pleine et entière par an, à la fin des défilés, sous les acclamations. Le reste n’étant que travail et tourments. Dans une interview à une télé américaine (ce n’est pas dans le film), je l’ai entendu dire : « Even without me, YSL is a genious ». Heu ! oui merci, on s’en doutait. Vanitas vanitatum, et omnia vanitas.
En sortant du ciné, j’ai emprunté en sens inverse la rue Berger. Deux chats se regardaient en chien de faillence. Belle ironie de la langue française ! Deux chats noirs d’ailleurs. Plus loin deux femmes se croisaient. L’une portait un tailleur-pantalon et l’autre un jeans taille ultra basse avec string apparent et talons hauts (et chewing-gum). Le premier libère la femme, le second l’enferme en faisant rimer liberté avec vulgarité…
lundi 13 septembre 2010
Retour à Paris
Malheureusement, aucun dictionnaire ne donne d’indication sur la manière d’éradiquer ce fléau tenace.
Alors quittez Paris: Fuyez !
Ou si vous restez...
… Bon courage !
mardi 29 juin 2010
Prendre l'avion.
Vient notre tour. Enregistrement des bagages. Passage des portiques de sécurité. Présentation aux portes d’embarquement. Montée dans l’avion. Bonjour au commandant de bord et au « reste de l’équipage » qui ne tardera pas à nous souhaiter un agréable voyage en leur compagnie. La déclamation des consignes de sécurité qui est toujours d’un comique efficace. Et puis il y a toujours ce délicieux moment où l’on nous apprend qu’en cas de dépressurisation de la cabine des masques à oxygènes tomberont et qu’il faudra tirer dessus pour qu’ils fonctionnent. Avec cette précision d’une sublime cruauté : « Veillez à disposer votre masque à oxygène avant d’aider les enfants qui seraient à vos cotés ». Puis c’est la ceinture de sécurité « jusqu’à l’extinction de la consigne lumineuse ».
Bref, jusque là tout va bien. Le décollage s’effectue. Et là les choses sérieuses commencent : la bouffe. En ce qui me concerne, lorsque intervient ce moment privilégié, je suis tiraillé par un double sentiment de jouissance et de déception. Quelle que soit la classe où je me trouve d’ailleurs. Jouissance d’abord parce que je ne puis m’empêcher de trouver ça extraordinaire de se voir servi un repas « chaud » alors qu’on file à près de 900km/h à une dizaine de kilomètre d’altitude. Pour moi c’est du domaine de la prouesse. Alors être là, quiché dans mon fauteuil à attendre la bouche en cœur qu’une dame vêtue d’un foulard bicolore autour du coup m’apporte des victuailles… cette situation m’emplit de joie. Et bien souvent, je constate que je suis le seul à accueillir avec chaleur le « personnel de bord ». Mais derrière ce sentiment, il y a toujours la constatation du désastre culinaire, du Waterloo gustatif, du juin-40 gastronomique. Même au plus profond de mon enfance, lorsque insouciants nous nous amusions dans la cour de récréation de l’école maternelle et primaire, je n’affectionnais pas le moins du monde de jouer à la dînette. Il va sans dire que c’est encore le cas aujourd’hui que je fais un mètre et 50kg de plus. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : jouer à la dînette. Le tout étant corsé par les secousses qui remuent l’avion de temps à autre et par le périmètre restreint du plateau sur lequel gît le repas. Lequel plateau étant habilement posé sur une tablette dépliable qui sort comme par magie de l’accoudoir. Bref, je défie quiconque de parvenir à se nourrir sur un tel château de cartes, sans provoquer de catastrophe. Et lorsqu’une catastrophe intervient, le pire est encore à venir : comment réparer la catastrophe sans faire empirer la situation. Autrement dit, comment, dans un espace aussi confiné, est-il possible de ramasser un petit poix tombé à ses pieds, sans renverser son jus d’orange ?
Puis le vol se poursuit, tout en perturbations, ceinture, queue aux toilettes, ceinture, lecture, extinction de la consigne lumineuse, tentatives d’endormissements ratées, mais tentatives réussies pour son voisin de gauche qui vous bave sur l’épaule adjacente. « Préparez-vous pour l’atterrissage ». Atterrissage. Attente. Sortie… Et… et l’essentiel…
Attente devant le tapis roulant qui fait défiler les bagages disposés en soute. Les valises sortent comme les numéros du loto. Certains ont du bol et choppent la première valoche qui sort, d’autres attendent une heure (oui une heure), d’autres sortent perdant et rentrent bredouilles, comme des maillons faibles, au revoir. Et tout le monde connaît cette règle, c’est la raison pour laquelle personne n’est vraiment détendu pendant cette ultime phase du voyage. Sauf les enfants qui crient partout. Alors nous on attend, patiemment. D’ailleurs, il arrive toujours un moment où l’on se dit que c’est perdu. Après 30 minutes, quand la majorité des passager s’est fait la malle… on commence à se sentir mal. Personnellement j’en viens toujours à penser que quelqu’un est parti avec ma valise et que j’attends pour rien. C’est long, long, long. D’autant plus long qu’inutile. On égrène toutes les choses indispensables qui se trouvent dans le bagage tant attendu. On se dit qu’une indemnisation au kilo ne fera pas le poids et qu’on perdra beaucoup de temps et d’argent à l’affaire. On se résigne. Augustes face à notre destin, on finit par regarder partir les autres sans jalousie. Puis, on veut faire diversion. On passe quelques coups de fil, on écoute de la musique. Mais la réalité et là, devant soi, matérialisée par une absence de valise. Un non-bagage qui ne tournicote pas sur le tapis roulant comme les affaires des autres passagers. Pourquoi moi ? On se le demande ça, hein. Mais pourquoi moi ? Voire, pour les adeptes de blasphèmes : Mais qu’est-ce que j’ai bien pu faire au bon Dieu pour… etc. Est-ce une vengeance quelconque ? Et puis au bout du bout, il y a le miracle qu’on n’attendait plus. La valise finit par apparaître, comme la Sainte Vierge devant Bernadette. On la sert contre soi. On lui jure que plus jamais on ne se séparera d’elle. Puis on la fait traîner derrière soi sans plus d’attention qu’à l’accoutumée, parce que bon, c’est pas tout, mais nous on a un métro à prendre pour rentrer à la case.
jeudi 15 avril 2010
THÉÂTRE: "Colombe", de Jean Anouilh

S’il n’était pas mort, Anouilh aurait eu 100 ans cette année.
Colombe fut créée en 1951 au théâtre de l’Atelier.
Elle est reprise à la Comédie des Champs Élysées pour 4 mois, dans une mise en scène de Michel Fagadau
La pièce raconte l’histoire de… Colombe : une jeune femme mariée à Julien qui attend un enfant de lui. Seulement le jeune homme est pétri de principes et souhaite honorer la mémoire de son défunt père qui était officier. Aussi, il refuse de se faire réformer et s’aprête à aller effectuer son service militaire bien loin de Paris, l’empêchant de gagner assez pour entretenir sa femme et son enfant à naître. Peu avant son départ, dans le besoin, il entreprend de demander de l’aide à sa mère avec laquelle il entretient les pires rapports. C’est ainsi que l’on retrouve le jeune couple dans les coulisses d’un théâtre parisien. Oui, car sa mère s’avère être Mme Alexandra, l’une des deux plus grandes comédiennes de l’époque (en concurrence avec Sarah Bernardt). Au final plutôt que de leur verser de l’argent, Mme Alexandra trouve un rôle à sa belle-fille qui va donc connaître les joies et les rêves d’une jeune première, elle qui n’était promise qu’aux plus sombres destins avec un mari qui refuse de goûter aux joies qu’offre la vie. La candide et fidèle Colombe résistera-t-elle aux attraits de la vie d’artiste et aux avances de ses nombreux prétendants qui profitent de l’éloignement du mari ? À la faveur d’une courte permission, son mari rentre à Paris pour s’assurer de ce que son épouse est restée la même… Déconvenue pour lui, elle s’est émancipée. Pour lui un monde s’écroule, le monde clos qu’il avait bâti autour de leur seul couple mettant des oeillères à sa femme. Pour elle, un monde s’est ouvert, elle respire… Elle comprend qu’avant, elle ignorait qu’elle étouffait.
Voilà pour l’histoire, sur le papier. Mais ça ne suffit pas pour qu’une pièce soit réussie. Il faut que tout le reste suive. Et là c’est le cas : Mise-en-scène subtile, jolis décors (réalistes : coulisses d’un théâtre), belle lumière (qui éclaire bien^^), costumes réussis (bien dessinés et bien cousus) et… excellents comédiens : du premier au dernier rôle. Comme souvent ce sont les rôles des personnages les plus agés qui sont les plus denses et les mieux joués :
- La Surette (le secrétaire particulier de Mme Alexandra) : joué par Rufus dans un irrésistible style « bourvilien ».
- Desfournettes (le directeur du théâtre) : Extra
- Du Bartas (un vieux comédien) : Extra
- Mme George (habilleuse de Mme Alexandra) : Extra, exprime le bon sens populaire avec humour
ET :
- Poète-Chéri (l’auteur de la pièce qui est jouée dans la pièce) : Prix spécial du Jury pour Jean-Paul Bordes qui l’interprête. Il pousse son personnage très au-delà de ce que Anouilh pouvait imaginer et le fait ma-gi-stra-le-ment, avec un pouvoir comique sans borne.
- Mme Alexandra : Mention spéciale également pour Anny Duperey qui l’interprête tout en nuance, avec ce qui sied d’humour et toute la profondeur requise. (Le personnage de Colombe est joué par sa fille: Sarah Giraudeau)
Grâce à cette plongée au cœur du « boulevard du crime » (quartier de la capitale où étaient regroupés les principaux théâtres au XIXe siècle), on passe une excellente soirée. On se satisfait de voir triompher le désir sur la peur de vivre, et l’on s’effraie de voir en quoi ils sont fragiles et éphémères ces serments d’amour d’un jour et les "pour toujours". Certaines tirades raisonnent encore, longtemps après qu’elle furent prononcées : Comme Julien, au dernier acte : « En marchant dans les rues, je t’ai parlé tout ce soir, tout haut. Je t’ai tout expliqué. Les gens me regardaient, ils devaient croire que j’étais fou. Je les heurtais, je leur demandais bien poliment pardon et je continuais. C’est drôle : on peut très bien marcher, sourire, traverser les rues et être mort. Je suis déjà mort. »
Pour information :
3 Nominations Molières 2010 :
Molière de la comédienne : Anny DUPEREY (en Mme Alexandra)
Molière de la comédienne dans un second rôle : Fabienne CHAUDAT (en Mme George)
Molière du créateur costumes : Pascale BORDET
vendredi 9 avril 2010
2+3 = 5 FILMS

Deux nouveautés, trois pas nouveautés.
Deux pas réussites, trois réussites.
Deux comédies, trois pas comédies.
Le Grand Saut
(Frères Coen)
Trouvez un pitch bien senti (la nomination d'un abruti à la tête d'une multinationale), incorporez une poignée d'acteurs géniaux (dont Paul Newman magnifique), secouez avec la réalisation des frères Coen (comme toujours superbe) et vous obtenez un chouette film. Avec la dose de décalage nécessaire, les absurdités du monde, de l'Amérique, du capitalisme et de l'espèce humaine sont passées à la moulinette. Fait générateur: le richissime PDG d'une énorme boîte décide en plein conseil d'administration de courir sur l'immense table et de se défenestrer (Cf. photo supra). Motif: l'argent ne fait pas le bonheur... Il sera remplacé par un type un peu simple d'esprit... "pour le meilleur et pour le rire".
5/5
Les Invités de mon père
(Anne Le Ny)
Enfin un film français qui ne soit ni lourd, ni léger. Le triumvirat Luchini/Viard/Aumont permet au moins quatre possibilités comme autant de réjouissances. On nous donne à voir et on nous donne à penser, le tout sans pathos inutile et parfois avec humour. L'intrigue se noue par l'arrivée d'une jeune moldave et sa fille, toutes deux sans papier, qu'héberge un vieux monsieur désireux de faire un geste désintéressé, accomplissant une cause en laquelle il croit. Progressivement l'équilibre familial se rompt et pose mille questions sur la cause juste, l'altruisme, la famille, la transmission, l'amour, la lassitude...
4/5
Gomorra
(Matteo Garrone)
Portrait brut des protagonistes ordinaires de la mafia napolitaine. C'est là que réside l'originalité. Le film n'est pas sur le cerveau de la pieuvre mais bien sur les tentacules du système. On entr'aperçoit les oligarques de cette mafia, mais ils ne trament pas le coeur de l'intrigue. La réalisation est... réaliste; économe en musique et en effets de style. Pour le reste, le film ne nous épargne aucun détail: trafics, drogue, armes, trahison, silences, enfants, ados, adultes, parrain, clans, petites frappes, terreur, survie, etc. Comment rester honnête dans un tel panier de crabes? Ca semble impossible. Tout est pourri. Seule solution: partir... ou mourir.
4/5
Le Caïman
(Nanni Moretti)
On dit Nanni Moretti, Nanni Moretti... Pourtant je n'ai rien vu de transcendant dans ce film. Peut-être parce que je m'attendais à voir "Le Caïman". Oui, car le film est une mise en abîme: c'est l'histoire d'un producteur peinant à monter "Le Caïman", film sur S.Berlusconi. Moi c'est ce film là que j'aurais aimé voir, le "film dans le film". C'est-à-dire un film clairement politique, comme "Il Divo", mais sur l'Italie d'aujourd'hui. Au lieu de ça on a quelque chose qui ne démarre pas. C'est plutôt bien joué, d'ailleurs, mais on ne voit pas bien où ça veut en venir en s'entortillant dans tous les sens. Il y a un couple qui bat de l'aile, une réalisatrice qui se révèle être lesbienne, la situation du cinéma italien aujourd'hui, les difficultés de trouver un financement lorsqu'on touche à Berlusconi... Il y a tout ça. Ce pourrait être génial au fond. Mais c'est comme si les cartes n'étaient pas dans le bon ordre. Dommage.
1/5
Alice au pays des merveilles
(Tim Burton)
Il s'agit d'un divertissement pour enfant de moins de 10 ans, rien de plus, rien de moins. Pour les autres, bon courage. Burton a voulu adapter un romain de Lewis Carroll: "De l'autre côté du miroir" qui est une sorte de suite au traditionnel "Alice" que l'on connaît et que Disney a fidèlement repris. Peut-être que Burton se frotte à un maître et qu'il ne peut donner sur pellicule la profondeur que l'écrivain donne à son roman. Peut-être que ne pas prendre de risque et réaliser un film visant à d'énormes scores au box office suppose de donner dans le consensuel mou et l'esthétique convenue. Peut-être qu'il n'a pas osé oser. En tous les cas, la sauce ne prend pas et ce n'est pas imputable aux acteurs qui sont délicieux: notamment les deux reines et le chapelier toqué (interprété par J.Depp). Alice est adulte dans cette version. Mais elle semble plus nunuche que lorsqu'elle était enfant. Difficile de parvenir à une forme de poésie avec ça. En résumé: Esthétiquement ennuyeux, narrativement pauvre, poétiquement dégarni. Peu de fantaisies, pas de magie. Le tout dans un univers sombre, voire glauque. À oublier. D'ailleurs, c'est déjà fait.
1/5 (pour l'effort en costume/décor)